Yaoundé : des décibels au secours du marketing des libraires

À un mois de la rentrée scolaire, chacune cherche à prouver son expertise aux parents et aux élèves.

Listes des manuels au programme déjà disponibles; découpage de l’année scolaire 2024-2025 rendu public. «Tout est réuni pour lancer nos activités», souffle Kévine Tchamadeu. Dans un exercice de haute voltige explicative, cette libraire basée au quartier Mokolo (Yaoundé 2e) entend positionner son enseigne commerciale. «Dans un contexte où la quête de la clientèle exerce une pression énorme sur tous ceux qui sont dans le secteur de la vente des fournitures scolaires, il faut bien se prêter avec entrain à marquer les esprits afin de soutenir et de développer les ventes», dit-elle.
Comme Kévine Tchamadeu, de nombreux promoteurs de librairies cherchent à améliorer leur avantage concurrentiel. À Yaoundé, si chacun a sa «touche», personne ne lésine sur les messages publicitaires. Ici et là, ces messages constituent un univers acoustique présentant des points communs, mais aussi des spécificités dues aux circonstances ou aux lieux. Au quartier Montée Zoé, par exemple, outre l’emploi de bruiteurs, Laurent Blanc, «vétéran de la librairie» (comme il se présente lui-même), a recours à un speaker. «À mon âge, je dois éviter les bruits, mais je n’ai pas le choix si je veux capter plus de clients surtout qu’ils prennent le taxi devant ma librairie. Bon nombre ne se rendent pas compte qu’elle existe. Avec ça, nous engageons une expérience opérationnelle qui, nous l’espérons, va permettre de nous positionner sur l’échelle du temps de la rentrée scolaire», explique le vieux libraire. Et en guise de «petite démonstration», le speaker attitré entrelace des phrases bien structurées dans leur construction. Grâce à ses qualités et à son style efficace, il associe exhaustivité et simplicité. L’affaire est rendue plus vivante grâce à une échelle de décibels soutenue par un matériel électronique de pointe installé en arrière-plan de la librairie. Tout y passe: la politique d’offre incluant le prix et les avantages; le récit des expériences antérieures. Le tout ajusté à de nombreuses compositions musicales en vogue et à un visuel attractif. «Nous considérons l’audio non seulement comme porteur de sens, mais aussi, nous l’utilisons plus explicitement comme outil servant à capturer les esprits dispersés pour leur dire que la rentrée se prépare mieux chez nous et nulle part ailleurs», vante Laurent Blanc.
Au carrefour Mvan (Yaoundé 4), Henri traîne une librairie ambulante dans un porte-tout. Sur de nombreuses fournitures scolaires trône un puissant baffle. Au milieu du brouhaha ambiant, cet objet permet au libraire ambulant de signaler sa «présence». Cela se fait en boucle grâce à une bande dont le contenu allie génériques, alternance des voix, respirations musicales, virgules sonores. Selon Henri, tout ce dispositif a une multiple fonction: baliser l’écoute, la structurer et capter l’attention des clients.

André Gromyko Balla

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