Perpétrée au sud de la capitale, au lieu-dit Minkan, elle noircit davantage le tableau à quelques jours seulement avant la fin de la campagne mondiale de sensibilisation contre le fléau.
C’est une situation terrible pour cette jeune commerçante de 34 ans. Victime de violences conjugales dans la nuit du 9 au 10 décembre 2024, Marthe a l’abdomen, une partie de la tête, l’épaule et les seins profondément entaillés. A l’aide d’une lame de rasoir, le supplice lui a été infligé au quartier Minkan (Yaoundé 4) par son époux, pasteur dans une église de réveil. Ce dernier, explique-t-on, n’aurait pas apprécié un écart de conduite de la part de sa compagne. D’après les déclarations de Marthe, son pasteur de mari manifeste des envies libidineuses contre-nature. «Il a failli violer ma fille de 10 ans. Heureusement que la petite lui a dit qu’elle voulait faire ses besoins. Elle a profité pour alerter les voisins qui sont venus le trouver en tenue d’Adam dans la chambre de l’enfant», relate l’infortunée, internée dans un centre hospitalier située non loin du domicile conjugal. Selon son entourage, il a fallu pas moins de 150 000 FCFA pour les premiers soins. Après son forfait, le prélat d’un autre genre a fondu dans la nature. En proie à mille et une interrogations, la famille de la patiente a déposé une plainte auprès des services compétents.
Les cas de Marthe qui s’avoue «chanceuse parce qu’encore vivante» malgré de graves sévices corporels, remet au goût du jour les niveaux de violences subies par les femmes au Cameroun. Selon le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff), 67 femmes ont été tuées dans diverses localités du pays depuis le 1er janvier 2024. Déjà, au cours d’une évaluation faite en décembre 2023, le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, expliquait que ««les raisons avancées par ces hommes pour justifier ces meurtres sont les mêmes, ils accusent les femmes d’agressions verbales et parfois d’infidélité, alors que les femmes se plaignent de plus en plus d’incompatibilité d’humeur». «Nous faisons face à une crise préoccupante. Il ne se passe plus une semaine sans qu’on n’évoque un fait tragique de crime rituel, de féminicide, de viol ou autre maltraitance ayant entraîné la mort d’une femme ou d’un jeune fille», alertait Marie-Thérèse Abena Ondoa, le 25 novembre 2024, lors du lancement à Yaoundé de la campagne mondiale de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. A cette occasion, la Minproff avait déclaré qu’un avant-projet de loi est en cours d’élaboration pour lutter contre ces violences, tandis que des appels à des mesures de soutien renforcées pour les victimes sont lancés.
André Gromyko Balla