Train de vie de l’Etat le gouvernement bat toujours la démesure

Au fil du temps, les consignes pour un État exemplaire sonnent comme un appel à l’immodestie dans les dépenses.

Le président de la République, Paul Biya

D’abord quelques chiffres. Selon le projet de loi de finances 2025 soumis à l’examen des députés depuis le 1ᵉʳ décembre 2024, la cagnotte souhaitée par le gouvernement pour les «achats de services» en 2025 connaît une augmentation de près de 50 milliards FCFA, passant de 487,8 milliards FCFA en 2024 à 536,5 milliards FCFA en 2025. Dans le chapitre réservé aux «dépenses de biens et services», les dépenses de communication-relations publiques sont projetées à la hausse à 63,4 milliards FCFA en 2025 (contre 60,9 milliards FCFA en 2024). Quant aux «frais de transport et de mission», le gouvernement sollicite 70,8 milliards FCFA en 2025, contre 67,3 milliards FCFA en 2024.


«A la vue de ces chiffres, l’on se demande si notre Etat qui, souvent, met en bonne place un petit couplet sur le thème de la réduction de son train de vie s’est oublié», commente Lucrèce Kamga. En écoutant cet analyste financier, le sujet n’est pas nouveau. Sauf qu’il retient l’attention par le fait qu’en 2025, il est tout à l’opposé de ce que les représentants de l’exécutif qualifient eux-mêmes ce que doit être l’attitude de l’État: exemplaire.


Faits et méfaits
En effet, de façon réitérée, depuis plusieurs années, les membres de différents gouvernements ont été invités par le président de la République à une attitude de simplicité et de modestie. «Tenez! Le 20 juin 1987, le président Paul Biya annonçait une série de mesures pour réduire le train de vie de l’Etat. Ce fut le point de départ de l’ajustement structurel. Ainsi, comme de nombreux pays africains, le Cameroun est entré dans une ère d’ajustement à travers les fourches caudines des organisations du système de Brettons Wood. A l’occasion d’un conseil ministériel qu’il présidait au palais de l’Unité à Yaoundé, le 9 décembre 2014, le président de la République, Paul Biya avait édicté un train de mesures à opérationnaliser afin de réduire drastiquement le train de vie de l’Etat. Une circulaire de l’ex-ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, relative à l’exécution du budget 2015 de l’Etat, suspend l’acquisition de nouveaux véhicules dans les administrations de l’Etat, «sauf instruction du Premier ministre». Cette instruction n’a jamais été respectée par les ordonnateurs publics. En 2017, le ministère des Finances avait estimé à quelques 100 milliards FCFA, les économies que le Trésor public pouvait faire chaque année en respectant simplement les dispositions du décret du 18 octobre 2001, fixant les modalités d’acquisition des véhicules administratifs, de leur classification et leur affectation. Bien mise en exécution, cette mesure instruite par le président de la République, Paul Biya, aurait permis au trésor public de faire des économies non négligeables, mais elle n’a pas eu un grand impact dans la mesure où, toutes les autres rubriques de la ligne budgétaire sur laquelle les dépenses liées aux missions sont imputées sont restées intactes», rappelle Christian Tchoupé, autre analyste financier.
Pour ce dernier, «il reste encore plus à faire sur le terrain de la République irréprochable. Une vraie déontologie du politique fait défaut dans notre pays. Pour cela, il faudrait le courage d’ouvrir le chantier des règles existantes ou manquantes, d’assurer la visibilité des pratiques, des avancées et des lacunes, par une présentation consolidée du droit applicable».

Bobo Ousmanou

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