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Le 1er octobre des populations anglophones de Yaoundé

La célébration du 63e anniversaire de l’indépendance du Cameroun oriental se déroule dans l’indifférence et la quête de paix Autrefois, ce jour était spécial pour les ressortissants de cette partie du Cameroun vivant. Mais, depuis quelques années, c’est le stress à chaque 1er octobre. C’est ce qu’on appelle un non évenement. Le 1er octobre censé être un jour très special, avec sa charge symbolique, n’anime guère les populations de la partie anglophone du pays. Tous vaquent à leurs occupations comme si rien n’était. Ils ne pensent qu’aux leurs restés au terroir. Johnson ironise avec sarcasme en demandant à Bernard s’il fête souvent le 1er janvier (date d’accession à la l’indépendance de la partie francophone). «On a décidé de ne pas  célébrer ce 1er octobre. Depuis 2011 que je suis ici à Nkongoa, on organisait souvent des petites fêtes ici au quartier. Mais depuis 2016, c’est la guerre. Mais vous, les francophones, avez contaminé votre syndrome de l’oubli. Janvier n’est plus loin. On verra ce que vous allez organiser», lance t-il. Autres choses Pour Johnson, fils du département du Fako vivant au petit marché Odza, penser au 1er octobre est le dernier de ses soucis. Il englobe même l’ensemble des camerounais du NOSO dans cette indifférence. «Le retour de la sécurité passe avant toute chose. Est-ce qu’on peut célébrer la fête avec cette insécurité. Le meilleur cadeau que nous pouvons avoir est la paix dans nos villes et villages. Je suis perdu, je veux rentrer dans mon village », indique Johnson. Terence, charpentier est aussi originaire de la même région (Sud ouest). Il est aussi victime de la guerre du NOSO. Il a déjà établi son programme du 1er octobre. Il va tôler une maison du côté d’Obam-Ongola. «nous célébrerons mes deux collaborateurs et moi le 1er octobre avec les tôles. Depuis 2016, date du début de la crise, je ne connais plus ce qu’on appelle 1er octobre. J’irais chercher la vie ce jour, il y a des pensions à payer», précise le menuisier. Angela préfère parler d’integration à travers la langue. Elle veut amener ses proches (enfants, ses frères et sœurs) fraîchement arrivés à Yaoundé à ne parler que le français ce mardi 1er octobre. Cette mère commerçante déplacée vit à la cité de la paix à (Odza). Elle parle de son cas en matière d’intégration: «je ne savais pas parler français. Je ne prononçais même pas un seul mot en français. Aujourd’hui, je suis devenue bilingue. Je parle même déjà Ewondo (langue locale). Je suis déjà intégrée à Yaoundé, même si mon village me manque», se félicite la dame. André Gromyko  Balla