Sommet Afrique-France: deux ans après, Yaoundé suit les traces de Montpellier
Le Conseil de jeunes africains et français mis en place sous l’égide du président Emmanuel Macron implémente l’expérience de la refondation d’une relation entre les deux parties. Deux après Montpellier, le Conseil pour le suivi des recommandations du Nouveau Sommet Afrique-France (CNSAF) poursuit sa mission sur le terrain diplomatique de co-construction d’une nouvelle dynamique de coopération entre le continent noir et ce pays d’Europe. Si l’idée d’une nouvelle formule de la plateforme historique de négociations entre l’Afrique et la France a su trouver sa place dans les consciences collectives, le Conseil mettant en œuvre les jeunes et la société civile a suscité des craintes. L’envers du décor est présenté par l’ambassadeur de France au Cameroun, Thierry Marchand, dans un bilan de la 1ere mandature de cette plateforme. «Je voudrais rendre hommage au Conseil sortant. Ce que vous avez fait, c’est en fait le succès de la survie parce que le Conseil est au départ un dispositif gênant. Et ça je crois qu’ils l’ont très bien fait parce que le travail de départ a été d’essayer de convaincre tout le monde que le Conseil n’était dangereux pour personne. Qu’il était quelque chose qui n’allait pas remettre en cause un certain nombre d’acquis que certains auraient pu considérer comme mis en danger. Et c’est ça qu’a fait Jacques Jonathan Nyemb (président sortant du Conseil) au bout de deux ans. Vider complètement cette méfiance», Déclare le diplomate. Pour mesurer toute la teneur de ce propos tenu sous fond d’improvisation, Thierry Marchand fait une incursion dans le contexte à l’heure de la première mandature. «Au départ, il n’y avait pas de doctrine préétablie. on peut prendre du temps pour essayer de construire progressivement une sorte de méthodologie qui caractérise cette démarche», souligne–t-il. Cameroun, terreau fertile Deux années après Montpellier, le Conseil du Nouveau Sommet Afrique-France a su mobiliser des troupes. Il repose aujourd’hui sur un écosystème de 7 000 jeunes entre l’Afrique et l’Europe et d’un budget de 612,425 millions de FCFA pour mener différents projets en lien avec la trajectoire fixée d’accord-partie. Mais pour Thierry Marchand, le bilan peut aussi encadrer l’alignement idéologique des parties prenantes. «Le Cameroun ouvre les voies parce que c’est le pays où la greffe a le mieux pris. L’idée au départ était de semer dans les pays d’Afrique la même semence. Nous devons l’admettre, le Cameroun a été une terre féconde où cette idée a trouvé le plus de sels minéraux qui ont permis à ce Conseil de bien commencer. Il y a bien d’autres histoires qui montrent qu’ici au Cameroun il y a un appétit. Toute une série de projets qui ont été lancés depuis quatre cinq ans ont pour la plupart prospéré. Le Cameroun est clairement identifié à Paris, et j’en suis le témoin, comme un pays pour lequel on peut continuer à investir», déclare-t-il. Ere nouvelle Aujourd’hui le Conseil se dote de nouveaux leaders. Dr Myriam Hemes Njimegne Nkwa, 30 ans, épidémiologiste de terrain, en est la nouvelle présidente depuis le mardi 23 juillet 2024. Elle devra présider à la destinée de l’instance pour la période 2024-2026, en remplacement de l’avocat Jacques Jonathan Nyemb. Cette deuxième mandature, apprend-on, s’inscrit dans la préservation des acquis enregistrés depuis le 8 octobre 2021. A savoir la mobilisation des jeunes à travers les deux continents autour de centres d’intérêts partagés. Cette ligne d’horizon est guidée par la feuille de route de la nouvelle promue. «Durant les deux prochaines années, nous continuerons à placer les jeunes au centre de cette coopération? C’est notre mission de mettre en avant les femmes et les jeunes et de mettre en lumière les problématiques qui touchent les femmes, les jeunes, les personnes vulnérables», a–t-elle déclaré à l’issue de la cérémonie d’installation dans ses nouvelles. Lancer le fonds d’innovation pour la démocratie; bâtir la maison des mondes africains et des diaspora; enclencher le programme campus nomade; initier le forum euro-africain sur les migrations; lancer la «Plateforme» de débats Afrique-France; relancer la dynamique de restitution et expérimenter les musées de demain ; accompagner la jeunesse africaine vers l’emploi; créer une commission intercontinentale sur la transparence économique; développer le programme Start-up Africa-France, constituent les actions prioritaires de la nouvelle dirigeante. Celle-ci ambitionne par ailleurs de faire entendre la voix de l’Afrique sur le climat et la biodiversité et transformer l’aide publique au développement. Sur le même sujet: Jacques Jonathan Nyemb : «Le défi c’est de montrer que la jeunesse peut apporter sa voix sur des questions sensibles» Louise Nsana

