Les premiers désignent les seconds comme responsables du phénomène.
A Yaoundé, l’augmentation des prix semble mener droit à d’autres lignes de développement et à ses impasses. Dans la capitale camerounaise, les 50 FCFA majorés sur les anciens prix des bières et des boissons gazeuses n’en finissent pas d’écorner la convivialité entre les consommateurs et les petits détaillants. Selon de nombreux témoignages, beaucoup de tenanciers de débits de boissons tiennent un même langage: «Ce n’est pas à notre niveau». Bien entendu, il s’agit de chiffrer le coût actuel d’une bouteille de 65 centilitres. Le débat qui s’engage alors est relatif à l’officialisation ou non de l’augmentation observée. Et dans un autre registre, mais pour sûr intimement lié, comment expliquer aux consommateurs la rareté de certains goûts. «Nos grossistes nous parlent de la difficulté de production, la quantité de production et la disponibilité de certaines bières notamment. Ce qui signifie qu’elles ne sont pas facilement disponibles partout. Or, pour satisfaire nos clients, nous devons faire un effort supplémentaire pour essayer de les avoir, ce qui induit une petite majoration», confie un détaillant rencontré au quartier Mvog-Mbi (Yaoundé4).
Colère
Dans cette stratégie d’ajustement, d’autres détaillants, ressentant de leur culpabilité, tentent de la surmonter et/ou de l’éviter pour ne plus se trouver dans un état émotionnel déplaisant face aux consommateurs. «On leur indique certains endroits de la ville régulièrement approvisionnés», souffle une vendeuse basée au quartier Nkomkana (Yaoundé 2). Outre le regret, d’autres émotions négatives comme la colère, la déception ou l’inquiétude sont perceptibles chez la plupart des consommateurs. De quoi expliquer les éclats de voix entendus au lieu-dit Dubai, dans le 2e arrondissement de Yaoundé. «On ne peut pas comprendre que toutes les bières soient facturées au même prix au prétexte que certaines sont devenues rares», s’emporte un homme. À travers l’analyse de récits d’autres consommateurs, l’on apprend que les tenanciers de débits de boissons ont mis en avant une stratégie d’augmentation indifférenciée des prix comme astuce de transgression de la loi.
«Conformément aux instructions fermes du Ministre du Commerce, les équipes de contrôle ont reçu pour consigne de réprimer sans faiblesse toute pratique spéculative sur la bière et les boissons hygiéniques. Il faut préciser que cette opération forte du Ministère du Commerce se déroule simultanément sur l’ensemble du territoire national, dans le but de défendre et de préserver les intérêts légitimes des consommateurs face à ces abus», fait-on savoir à la cellule de communication du ministère du Commerce.
Bobo Ousmanou