Pour de nombreux usagers de la capitale, la récente décision d’injecter 150 millions FCFA en jetons dans le circuit économique n’a pas contribué à faire reculer le phénomène.
Au Marché central de Yaoundé, tout semble se passer comme si la pénurie des pièces de monnaie entrait à nouveau en contact avec les commerçants. Pour le dire, Didier T., renseigne que le sujet ne s’est pas perdu. « On dirait même que c’est pire qu’avant », explique le jeune caissier employé dans un magasin spécialisé dans l’agro-alimentaire. « Plus que par le passé, la situation est devenue plus préoccupante lorsqu’il faut satisfaire un client », explique-t-il. Si le propos fait écho à des angoisses vécues par de nombreux préposés de caisse dans la capitale, il exprime surtout retour à l’ancienne trajectoire des transactions commerciales. « Quand ça ne va pas, on propose aux clients d’arrondir les totaux en acquérant d’autres gadgets ou produits disposés à vcet effet », renseigne Téclaire Essama, caissière dans une supérette située au quartier Mvog-Mbi.
Ajustement
En d’autres termes, cette approche ne vise pas tant de dégager des marges bénéficiaires. Elle rend compte d’un processus transactionnel ajusté au contexte de rareté de pièces de monnaie. « C’est pour créer une ambiance porteuse de satisfactions pour nos clients. En fait, il y a dedans une dimension psychologique forte parce qu’elle tourne autour de l’acte de décision qui englobe des champs d’application plus larges que la simple vente. La responsabilité du vendeur y est par conséquent primordiale. En effet, il doit faire en sorte d’être, à la fois, satisfait lui-même et satisfaire son client quant aux décisions prises ; dans un juste équilibre où nul n’est le vainqueur ou le vaincu », atteste Olivier Maga, vendeur en pharmacie.
Quant clients eux-mêmes, beaucoup indiquent que les coûts des produits ou les urgences hiérarchisent les décisions. « Si par exemple, j’ai un malade et qu’en pharmacie, il n’y a pas de jetons, je peux laisser 25 ou 100 FCFA, ce n’est pas tuant par rapport à ce qui est plus urgent », reconnait Marie Cécile Avouzoa, enseignante.
Parce qu’ils connaissent « la réalité du terrain », d’autres clients préfèrent la solution digitale. « Très pratique ma carte bancaire », vante un fonctionnaire. Un autre vante l’épaisseur de son solde dans son téléphone portable. « Pas de problème de monnaie, avec ça », entend-on.
Ongoung Zong Bella