Montée de l’Extrême droite en Europe: l’Afrique à plus ou moins l’infini

«Montée de l’Extrême droite en Europe: pourquoi ce pourrait être un mal pour un bien pour l’Afrique». La structure en mosaïque du titre d’un article paru dans Le Point (édition numérique du 13 juin 2024) permet d’aborder plusieurs thèmes sans s’imposer une lecture méthodique. Et entre toutes les options possibles, Lassane Oumar Traoré, l’auteur dudit article, se veut tranchant. «Au-delà de la question migratoire, la montée des nationalismes en Europe intervient dans un contexte particulier où l’Afrique revendique de plus en plus sa souveraineté», écrit l’hebdomadaire français. Étant donné leur fréquence et, souvent, leur virulence, l’on ne pourrait pas s’attendre à ce que ces thèmes qu’énonce Lassane Oumar Traoré rompent certaines séries de questions et introduisent de nouvelles interrogations en fonction de l’actualité.
Avant d’aller plus loin, remarquons tout de même un fait particulièrement important pour la suite: Dans la plupart des 27 pays de l’Union européenne (UE), le scrutin de début juin a consacré une large et historique victoire de l’extrême droite, ce que prédisaient d’ailleurs les sondages quelques semaines plus tôt. En France, par exemple, le Rassemblement national (RN), emmené par son président, Jordan Bardella, a raflé plus de 30% des voix, loin devant Renaissance, le parti du président Emmanuel Macron, qui s’en est sorti avec à peine 15% du suffrage. Même scénario en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas… Selon les estimations, la droite nationaliste s’empare de près d’un quart des 720 sièges de l’hémicycle européen.
Quelles répercussions politiques la composition du nouveau Parlement européen aura-t-elle sur la politique de l’UE vis-à-vis des gouvernements et des populations en Afrique? Mais aussi de la diaspora africaine qui vit en Europe? Assisterons-nous à une accélération des accords entre pays sur, par exemple, l’externalisation des frontières pour freiner les migrations avec l’accord de l’UE? Les législatives anticipées en France auront-elles des conséquences directes pour les Africains et la diaspora qui vit en Europe? Alors que plusieurs pays du continent africain restent des points de départ de milliers de migrants illégaux vers l’Europe, faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter?
La montée de l’extrême droite en Europe pourrait être un mal pour un bien pour l’Afrique», répond Lassane Oumar Traoré. Il note que cette poussée nationaliste intervient dans le contexte d’une Afrique en pleine mutation, où de plus en plus de pays africains invoquent la question de leur souveraineté dans le choix et la diversification de leurs partenaires. Et si dans le cas d’espèce, on est loin du repli identitaire aux relents de xénophobie qui caractérise la plupart des mouvements d’extrême droite, il n’empêche que cette façon, pour ces pays africains, de se recentrer sur eux-mêmes, dénote d’une volonté de rupture avec un ordre ancien. Une telle situation mettrait les dirigeants africains face à leurs responsabilités en les obligeant à trouver des solutions innovantes à la crise migratoire pour fixer les Africains sur un continent qui a besoin de la force des bras et de l’intelligence de ses fils pour amorcer son vrai développement».
Au-delà des répercussions de façon globale sur le continent africain, le contrôle imminent du Parlement européen par la droite est pesé et soupesé sur la balance des intérêts bilatéraux. Dans certaines capitales, on évalue déjà les pertes et les profits liés aux enjeux géopolitiques et économiques. En toute rigueur, il y a (à nouveau) un débat sur la relation entre l’Afrique et l’Europe. Certains disent qu’il faut la poursuivre, d’autres qu’il faut l’arrêter. En même temps, beaucoup ne cessent d’esquiver le débat en disant: «Vos questions sont simplistes, le problème ne se pose pas comme ça».

Jean-René Meva’a Amougou

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