L’année prochaine, la célébration de Pâques sera commune à tous les chrétiens. Lors d’une rencontre avec le groupe «Pasqua Together 2025» («Pâques Ensemble 2025») tenue le 19 septembre dernier au Vatican, le Pape François a demandé à ce que «la célébration commune du jour de la Résurrection du Christ ne soit plus une exception, mais devienne la norme».
Dans un discours consigné, le Saint-Père a suggéré la poursuite des efforts dans la recherche d’une date commune à tous les chrétiens pour célébrer Pâques à travers le monde. «Pâques n’arrive pas de notre propre initiative ou selon tel ou tel calendrier : l’événement pascal a eu lieu parce que Dieu «a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle», a martelé le souverain pontife.
Et dans le détail alors, que suggère le pape François? Dans le détail, il suggère une nouvelle approche temporelle de la Pâques à l’ensemble de la communauté chrétienne mondiale. Elle qui, soit dit en passant, voit se démultiplier autour d’elle de nouvelles cohortes de prêtres, commentateurs, théologiens, illuminés, enragés, hérétiques, réformés, apostoliques, baptistes, anabaptistes et, autour d’eux, tout un nouveau cortège de querelles. Pour la Pâques, par exemple, la date n’est jamais la même partout pour tous ceux qui se réclament chrétiens. Les Juifs suivent le calendrier lunaire pour leur Pâque. L’idée, c’est de ne pas la faire en même temps que les autres. Un principe également appliqué par les orthodoxes, avec une nuance essentielle : la fête doit toujours tomber après la Pâque juive, jamais avant. Les Juifs se basent sur le calendrier grégorien, alors que les orthodoxes ont recours au calendrier julien… En donnant la possibilité à l’implicite d’être explicité, le débat qui s’engage alors est d’établir une nouvelle liturgie de la Pâques dans le monde entier. Et le Saint-Père a demandé de ne pas «laisser passer en vain l’importante opportunité que nous offre 2025». Ce que suggère le pape François montre bien que le monde est en train de changer et, surtout, l’unité des religions pourrait contribuer à le modifier de manière inédite, non seulement dans la matérialité de l’existence, mais aussi dans les mentalités. On dirait que se fait jour un nouveau contexte, plus enclin à mettre en évidence la vanité de la fragmentation des religions et à soutenir l’émergence de lexiques communs. À l’image des apôtres du Christ, le patron du Vatican encourage tous les chrétiens à «marcher ensemble et, pour ce faire, il nous sera utile de partir, comme les Apôtres, de Jérusalem, lieu à partir duquel l’annonce de la Résurrection elle-même s’est répandue dans le monde».
En évitant d’être otages d’un débat beaucoup plus complexe, on dira que, tout comme les rites pour appeler la pluie ou les rites pour appeler le soleil, les rites religieux, pour autant qu’ils ont été inspirés par une foi et qu’ils ont émergé dans des conditions géographiques et historiques déterminées, c’est encore de la même inspiration qu’ils ont besoin pour faire surgir de nouvelles réponses à la problématique de l’unité des religions. Mais pour aboutir à un tel changement, il faudra encore nombre de conciles œcuméniques… Quitte à servir de temps à autre de thème à des invocations incantatoires dans le processus actuel de mondialisation.
Jean-René Meva’a Amougou