Tchiroma, Kamto, Bello Bouba, Guibai Gatama… Vers une alliance inédite de l’opposition?

A l’approche de cette élection présidentielle décisive, les tractations s’intensifient dans les coulisses de l’opposition camerounaise. Une alliance entre figures historiques et nouveaux challengers issus du Grand Nord semble se dessiner. Un scénario encore fragile pour une recomposition politique face au régime de Paul Biya. Depuis quelques jours, des images circulent sur les réseaux sociaux : des figures du Groupe de Douala ont été vus au domicile de Bello Bouba Maigari, président de l’UNDP.
Si la rencontre n’a fait l’objet d’aucune déclaration officielle, les spéculations sur une coalition anti-Biya ne cessent de croître. « C’est la seule alternative qui s’offre à l’opposition dans le contexte actuel. S’ils échouent à se mettre ensemble, alors il n’y a plus rien à espérer d’eux », déplore Oumarou Meskine, enseignant de philosophie à Maroua.
Un tournant pour l’opposition
Une coalition entre Issa Tchiroma, Bello Bouba, Guibai Gatama et Kamto marque un premier historique. Pour le Dr Waldé Enoc de l’Université de Dschang : « C’est l’axe Nord-Ouest qui se met en place. Cela pourrait bouleverser les équilibres traditionnels du régime ». Des signaux concrets confortent cette hypothèse : échanges entre partis et congrès mutuels. « L’opposition camerounaise est à la croisée des chemins.
Les grandes coalitions du passé ont échoué à se maintenir, rongées par les rivalités internes, le manque de vision partagée et les tentatives de récupération par le pouvoir. Kamto, malgré l’hostilité de plusieurs partis comme le SDF ou la méfiance persistante du PCRN de Cabral Libii, reste une figure incontournable, notamment depuis l’invalidation de sa candidature par ELECAM. Son potentiel de mobilisation est intact, mais son isolement stratégique pourrait nuire à la dynamique collective, à moins qu’une vraie structure unitaire ne voie le jour », soutient le docteur Waldé.
Des obstacles majeurs sur la route
Paul Biya, en place depuis 1982, et candidat pour un nouveau mandat, affronte une opposition fragilisée. En plus de la répression institutionnelle, les conflits de leadership minent ses efforts : Jean Michel Nintcheu peine à s’imposer comme médiateur, Cabral Libii garde ses distances, et le SDF campe sur une ligne d’autonomie stratégique, rejetant toute collaboration avec Kamto.
Si l’alliance Tchiroma–Kamto–Bello Bouba–Gatama venait à se formaliser autour d’un projet clair et partagé, elle pourrait renverser l’ordre établi et créer un précédent politique dans l’histoire du Cameroun contemporain. Mais le temps presse. Et les Camerounais, de plus en plus lassés des querelles d’ego, attendent des actes concrets, une vision commune, et une parole unifiée.
Tom
