Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE): industrie extractive au Cameroun: le chaos lent

Inertie du Comité national de l’ITIE (Initiative pour la transparence de l’industrie extractive), personnels dépourvus de contrats de travail, pas de publication des permis d’exploitation et l’exploitation illégale… Autant de maux qui minent ce secteur au Cameroun.

Aperçu d’une exploitation semi-mécanisée

Suspendu en mars dernier, pour la deuxième fois consécutive par le Conseil d’administration de l’ITIE, le Cameroun brille encore par de mauvaises pratiques.

1-Inertie du secrétariat permanent
Le Comité national chargé de veiller au respect de l’implémentation de la transparence dans ce secteur d’activité au Cameroun n’a toujours pas siégé depuis la décision du Conseil d’administration en février 2024. Malgré l’interpellation de la société civile qui a déjà désigné ses douze représentants au sein du comité national. Aucun texte n’a adoubé ledit comité jusqu’ici, apprend-on.
Bien plus, les personnels dudit organe depuis des années sont dans l’insécurité professionnelle totale. D’après Éric Etoga, les employés du comité national de l’ITIE ne disposent pas de contrat de travail jusqu’à présent. «On peut donc comprendre que le travail soit fait au rabais…» peste le chargé de projets au Centre pour l’environnement et le développement (CED).

2-Permis tacites
Plusieurs autres maux découlent de cette inertie. À Yaoundé, le 22 aout dernier, les membres de la société civile camerounaise engagés dans le secteur extractif ont une fois de plus dénoncé la non-publication des permis d’exploitation. Ce n’est pas tout. Selon Henri Njoh Manga Bell, la plupart de sociétés d’exploitation de ce secteur sont des «prête-nom». «Vous allez vous rendre compte que les contrats miniers ne sont pas rendus publics, les licences d’exploitation des entreprises d’exploitation tenues par les Chinois sont en réalité des prête- nom de certains individus qui sont derrière», décrit le patron local de Transparency international. Pour lui, cela n’est pas conforme la norme ITIE mondiale qui préconise la divulgation des propriétaires réels. Le patron local de Transparency International estime que ce mode de fonctionnement est une passerelle idoine à l’opacité et à l’illégalité.

3-Exploitation illégale
Ce n’est pas faux de le dire. Selon Leconomie.info, huit entreprises chinoises excellent dans l’exploitation minière illégale à Batouri dans la région de l’Est, en dépit des décisions de justice les invitant à déguerpir. Zhengguo Sarl, Solidarité minière Sarl, Ling Xin Rong, Gold Lion, Friends, M3G Mining et Meng Chen exercent paisiblement des travaux d’extraction sans la moindre autorisation sur le site de la société Jamb’s Avenir Sarl. Cette dernière structure, titulaire d’un permis de recherche obtenu en mai 2020 pour Or et Substances Connexes dénommé «Batouri» ou encore «Batouri Est» se plaint de l’intrusion sur son champ d’exploitation de ces entreprises. Par ailleurs, elle dénonce «des activités de pillage en bande, de manière scandaleuse par le biais d’exploitations artisanales semi-mécanisées des ressources minières, mais plus spécifiquement aurifères visiblement avec des complicités administratives établies» auxquelles se livrent «illégalement» les mises en cause. Pourtant, apprend-on, le président du tribunal de première instance de cette zone de compétence a, en date du 7 février 2024, ordonné aux entreprises qui opèrent dans l’illégalité de stopper les travaux d’extraction. Autant d’irrégularités qui rapprochent davantage le Cameroun de la radiation.

Joseph Julien Ondoua Owona

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