Le renforcement des relations financières est au cœur des perspectives communes. C’est ce qu’augure la rencontre entre les dirigeants de ces deux institutions le 27 janvier dernier.

La ville de Yaoundé a abrité, jeudi 27 janvier 2025, la rencontre inédite entre le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), Yvon Sana Bangui, et son homologue de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Jean-Claude Kassi Brou. La séance de travail qu’ont tenu ces personnalités est relative à la mise en œuvre de l’accord de coopération liant les deux institutions depuis 2018. Elle donne un aperçu du nouveau virage que souhaitent amorcer les deux institutions en termes de relation financière extérieure. Celle-ci est déjà au beau fixe grâce à la dynamique des transactions financières enregistrée de part et d’autre. En 2022, la transmission de fonds hors de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a dépassé 1130 milliards de FCFA dont 759 282 929 301 FCFA transférés vers l’Afrique de l’Ouest. A côté de cela, le flux d’argent transféré depuis cette sous-région vers la Cemac s’élève à 371 193 357 487 FCFA, selon des données publiées dans le rapport des états des services de paiement de la Beac au titre de l’année 2022. L’Afrique de l’Ouest y apparait comme le troisième destinataire des transferts de fond issus de la Cemac; derrière l’Union européenne (305 656 830 034 FCFA) et l’Asie (189 345 153 213 FCFA).
Front communs
La BEAC et la BCEAO sont fortement engagées sur la voie de l’inclusion financière dans leurs espaces respectifs. En dehors des cadres réglementaires qui s’étoffent au fils des années, des chantiers sont conclus sur le champ de la régulation et de la normalisation; avec en vue la protection des consommateurs grâce à la publication des conditions de banque, entre autres, la surveillance des institutions bancaires et des opérateurs de paiement mobiles. «Les informations sur les tarifs qui sont accessibles peuvent servir de base au régulateur et aux médias pour influencer les banques. Ces acteurs sont plus outillés que les consommateurs pour suivre l’évolution des tarifs et identifier les pratiques indésirables», souligne la BEAC dans sa Lettre de recherche du premier semestre 2019. En 2022, la Cemac comprenait 498 prestataires de services de paiement ayant ouvert plus de 37 millions de comptes aux habitants de la communauté. 2,4 milliards de transactions ont été réalisées pour un montant dépassant 107 126 milliards de FCFA.
Coté Afrique de l’Ouest, l’on atteint déjà un taux global d’utilisation des services financiers de 67,2% en 2021, contre 63,7% un an plus tôt, selon la BCEAO. Mais la Banque centrale, a en vue un taux de pénétration de 75% dans les prochaines années, si l’on s’en tient aux perspectives présentées à l’occasion d’une conférence à Dakar, le 8 juillet 2021, sur le thème «transformation digitale et inclusion financière; opportunités et défis pour le secteur bancaire en Afrique». Cette ambition est le socle de rencontres comme celle tenue à Yaoundé le 27 janvier dernier. Laquelle vise précisément à accélérer les objectifs d’inclusion financière entre les deux parties avec en défi l’essor des monnaies électroniques. Notamment dans les domaines de la transformation digitale, l’innovation, la cybersécurité et les systèmes d’information; la surveillance, la modernisation et l’interconnexion des systèmes et moyens de paiement. Pour la BCEAO cependant, comprennent également la surveillance des bonnes pratiques en matière de cession et de rapatriement de devises; d’après les dispositions de son règlement relatif aux relations financières extérieures des Etats-membres de l’UEMOA.
Louise Nsana
