Gestion des conflits internes en Afrique : entre bilatéralisme et africanisation

C’est le contenu de la thèse de doctorat que vient de soutenir le colonel Josué Léonard Ateba.

Mention «très honorable, sujet très pertinent». C’est en ces termes que le Pr Yves Paul Madjom, au nom du jury qu’il préside, décerne le grade de «docteur» en sciences politiques au colonel Josué Léonard Ateba. La scène finale de la soutenance de près de trois heures de temps se déroule dans un amphithéâtre de l’Institut des Relations internationales (IRIC) dans la soirée du 20 juin 2024.
Intitulée «Évaluation du traitement des conflits armés internes en Afrique: le cas de Centrafrique et du Mali», la thèse de doctorat pose le problème de la gestion efficace des conflits internes en Afrique. 367 pages ont suffi pour séduire le jury constitué de professeurs des universités, experts sur les questions géopolitiques.
Le sujet, fait-il savoir, est inspiré de son passage dans deux zones de conflits. Notamment à l’école de maintien de la paix au Mali pendant six mois, puis en Centrafrique pendant plus d’un an. En observant les évènements de plus près, le haut gradé de l’armée camerounaise constate des similitudes entre les deux pays. Depuis leur accession respective à l’indépendance, les deux pays ont connu cinq coups d’État chacun. De plus, ils ont vécu l’expérimentation de deux opérations militaires françaises pour leur pacification (Baracouda et Sangaris en Centrafrique; Cerval et Barcane au Mali). Autre chose, indique-t-il, la Centrafrique et le Mali ont tous les deux expérimenté, en vain, la résolution régionale de leurs conflits par le biais de l’Union africaine. Par ailleurs, les deux nations de l’Afrique subsaharienne ont connu des opérations de maintien de la paix des Nations unies qui n’ont pas abouti à grand-chose (Minusca en Centrafrique et la Minusma au Mali). Chose curieuse, relève le chercheur, il a suffi que les deux États se tournent vers la Russie pour que leurs territoires respectifs soient enfin sécurisés. De là, il établit l’échec de la sécurité collective qui avait été confiée à l’Onu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ce qui le pousse à mener plus loin sa réflexion. Laquelle le transporte dans l’aire des universitaires.
Aussi, suggère-t-il un règlement des conflits à l’africaine. «Nous avons des problèmes spécifiques en Afrique qui nécessitent une africanisation de la gestion des conflits locaux. Cette africanisation passe par des institutions fortes, dotées des moyens de leurs politiques. Je pense notamment à la CEEAC, pour l’Afrique centrale et à la CDEAO pour l’Afrique de l’Ouest», fait-il savoir.

Hard Power
Or, lesdites institutions ne disposent pas des moyens nécessaires pour résoudre le type de problème mis en exergue. C’est la raison pour laquelle le colonel, Dr Josué Léonard Ateba propose le « bilatéralisme gagnant-gagnant ». Il s’agit selon lui de s’allier à la Russie à court termes, pour obtenir la stabilité dans les zones en conflits. Ceci permettant «l’Afrique centrale de défense» ou «l’Afrique de l’Ouest de défense» de se mettre en place et de prendre le relais, explique-t-il. Mais cela «passe par la formation des hommes, le renforcement de leurs capacités et par une volonté politique de donner les moyens aux forces de défenses de pouvoir combattre le terrorisme».
Pour le collège d’enseignants universitaires, cette thèse qui est la continuité des travaux antérieurs est une solution « prêt-à-porter » pour l’Afrique. Si elle est bien exploitée, estime Pr Yves Paul Madjem, président du jury, elle deviendra un outil d’aide à la décision pour les pays africains.

JJulien Ondoua Owona

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