Venus d’Afrique centrale et de l’Est, les participants au troisième Comité des experts et hauts fonctionnaires de l’Afrique centrale et de l’Est viennent de discuter à Yaoundé de la « mise en œuvre rapide des solutions de recherche et innovation pour accélérer la diversification économique en Afrique centrale».

Il est révolu le temps des belles paroles sur comment doter l’Afrique des moyens de sa politique, en termes de diversification économique. Le 3e Comité des experts et hauts fonctionnaires de l’Afrique centrale et de l’Est en a pris le pouls à Yaoundé, du 15 au 18 octobre 2024, sous l’égide des bureaux sous régionaux de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique. L’institution y a battu le fer en faveur de la création d’une organisation au profil dualiste d’un marché financier et de consommation autour des ressources naturelles de l’Afrique centrale. «Le cadre juridique a déjà été défini et signé depuis quatre années, nous l’avons partagé déjà avec les institutions. En 2022, la BDEAC dit que si nous créons aujourd’hui le consortium, elle est capable de recevoir les fonds du consortium », fait savoir Adama Egberg Coulibaly, chef des initiatives sous régionales de la CEA.
Le « Consortium pour la valorisation du capital naturel », pour désigner le projet, répond à un vœu des chefs d’Etats de la Communauté économique de l’Afrique centrale (Ceeac) resté irréalisé depuis 1992. Il est aujourd’hui remis sur la table alors que la sous-région est on ne peut plus confrontée à une croissance qui peine à se redresser durablement ; des niveaux d’endettement élevés, et des déficits budgétaires qui se creusent. A cela s’ajoutent les incertitudes liées au contexte international et des déficits de financement d’envergure. La diversification économique se positionne plus que jamais comme la seule option pour parvenir aux objectifs de développement durable. Or Celui-ci ne peut être atteint qu’au travers de la recherche et l’innovation se sont ainsi accordé les participants aux assises de Yaoundé. « C’est un enjeu majeur pour les économies du continent souvent dépendantes d’un nombre limité de secteurs ou de produits de base. La diversification économique nécessite non seulement l’adoption de nouvelles technologies et la création de nouveaux secteurs, mais aussi l’innovation dans les pratiques commerciales existantes pour augmenter leur valeur ajoutée. Cela peut inclure le développement de chaînes de valeur agricoles plus sophistiquées, l’exploitation durable des ressources naturelles, et la promotion de secteurs émergents tels que les technologies de l’information et de la communication », explique la CEA dans une étude publiée mardi, en marge des travaux du Comité. « Ça nous ne les avons pas encore en place. Et lorsque nous regardons aussi l’amont de ce que représente l’innovation, l’amont c’est la technologie, si nous investissons dans l’éducation, la recherche, nous aboutirons à l’innovation mais si nous ne convertissons pas ça en initiative entrepreneuriale, nous n’aurons encore rien fait», souligne Adama Egberg Coulibaly. La sous-région doit cependant relever des défis d’ordre pécunier, en amélioration des quotes-parts de financement accordés à la recherche et l’innovation. « Entre 2007 et 2020, les dépenses mondiales en Recherche et développement augmentent de manière constante, avec les membres de l’OCDE, les pays de l’Asie de l’Est et du Pacifique, ainsi que les pays de l’Europe et de l’Asie centrale en tête. Ces pays y investissent massivement, allouant souvent plus de 2 % de leur (PIB) aux activités de recherche et d’innovation. En revanche, la plupart des pays africains allouent beaucoup moins, avec de nombreux pays y consacrant moins de 0,5 % de leur PIB », explique la CEA. C’est ce changement de paradigme qui impulse le projet de consortium en cours.
Louise Nsana
