Fêtes de fin d’année: les pauvres n’ont que leurs rêves

Après avoir reçu la gifle de l’envolée des prix tout au long de l’année, ils s’apprêtent à tendre la joue gauche au contexte commercial imposé par la Noël et la Saint-Sylvestre.

Carrefour Tsinga: l’«opération promotionnelle pour les fêtes de fin d’année» a ses réalités

Vendredi 14 décembre 2024, une rumeur fait le tour de Yaoundé. «Le prix du kilo de maquereaux dorés se vend à 1500 FCFA ce jour au marché Marché Mvog-Mbi». À mesure qu’elle se transmet dans les milieux populaires de la capitale, la rumeur transforme l’information qu’elle véhicule. «On dit que c’est plutôt dans les points de ventes agréés par le ministère du Commerce», renseigne une dame. Fertile en effets de toutes sortes, la même rumeur est subitement escortée par un autre élément informationnel à rebours du temps. «Ce n’était que durant la présence du ministre ici au marché», explique un employé dans une enseigne spécialisée dans la vente du poisson en gros.


Réalités
Si la part du vrai et du faux reste indétectable, tout constitue néanmoins autant d’énigmes que d’indices autour de l’ «opération promotionnelle pour les fêtes de fin d’année» pilotée par le Mincommerce. Selon la cellule de communication de cette institution gouvernementale, «il s’agit d’une vaste campagne spéciale de vente promotionnelle des produits de grande consommation pour les fêtes de fin d’année; l’offre est diversifiée et les prix sont à la portée des bourses de chaque citoyen». «C’est une opportunité significative pour les ménages de faire de bonnes économies. Il s’agit, pour le gouvernement, de maintenir la stabilité des prix, prévenir toute spéculation indue, de soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs, afin de leur offrir un environnement commercial leur permettant de vivre pleinement la dynamique festive de la fin d’année. Pour cela, il a été mis en place un dispositif spécial de surveillance des espaces marchands», ajoute notre source.


Avec des sourires crispés, quelques consommateurs font tomber ledit dispositif dans la caricature. «Plus les fêtes approchent, plus il forge des systèmes spéculatifs qui ne disent pas leur nom», s’emporte une professeure de lycées. A bien écouter, son propos confère des significations ubuesques aux équipes de surveillance et aux pratiques qui les accompagnent dans les marchés de la capitale. «Ce sont de grands présents absents. On ne sent pas leur présence tant les prix des marchandises sont parfois agrégés de manière à produire un tableau qui ne reflète pas les directives ministérielles», explique un agent du secteur privé.


Face à ce qui résonne comme une accusation contre eux, des commerçants rencontrés dans quelques marchés de Yaoundé animent une ligne défensive. Celle-ci est assise sur l’argument que les deux tiers de l’écart de prix sur les produits de consommation courante s’expliquent par des facteurs liés à l’éloignement: transport, redevances, manutention, coûts de distribution… Selon un vendeur de jouets très réputé au marché Mokolo, dans le 2e arrondissement de Yaoundé,la longue la chaîne logistique, voilà qui contribue à majorer les prix.


Dans ce méli-mélo, les réactions des consommateurs renvoient à une forme de considération de l’»opération promotionnelle pour les fêtes de fin d’année». Dans les évaluations des uns et des autres, cette considération montre des hommes et des femmes exclus de «la dynamique festive de la fin d’année». «Regardez! On dit qu’ici, les prix ne sont pas. Il n’en est rien! On n’a que nos rêves par rapport à Noël et la Saint-Sylvestre. Les riches n’ont aucun souci. Puisqu’en fait, pour nous les pauvres, le marché nous dit clairement qu’après avoir tendu la joue droite à la vie chère tout au long de l’année, bien vouloir présenter la joue gauche pendant les fêtes», se désole une dame rencontrée au lieu-dit Carrefour Tsinga (Yaoundé 2).

Ongoung Zong Bella

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

WP Radio
WP Radio
OFFLINE LIVE
Retour en haut