Femme et diplomatie en Afrique centrale: en attendant la «victoire»

Nouakchott, nous sommes en janvier 2023. La capitale mauritanienne accueille la Conférence pour la Paix en Afrique. Les participants à ces assises affirment imperturbablement que la question du genre et du nombre en diplomatie tend vers l’équilibre dans plusieurs pays du continent. Les uns mettent l’accent sur l’action des femmes dans le règlement des conflits; d’autres sur la distribution des postes labellisés «Affaires étrangères». Les plus optimistes projettent même que le réservoir de main-d’œuvre féminine dans la diplomatie africaine sera multiplié par cinq dans les prochaines décennies. Au cours de la Conférence, cette vision se décline sur plusieurs registres, auxquels des experts africains et bien d’autres consacrent une attention inégale, même s’ils les examinent tous.
Autre lieu, autre date: Conakry, 24 juin 2023. La diplomatie constructive et transformatrice sont quelques-uns des sujets abordés par les panélistes d’un colloque sur le «Rôle et place de la femme dans la diplomatie en Afrique». Au-delà des actions de plaidoyer purement diplomatique, il s’agit de renforcer la prise en compte des enjeux de la diplomatie faite par les femmes, afin de la placer de manière plus systématique au cœur de l’action extérieure des pays africains.
Ce 24 juin 2024, 3e Journée internationale des femmes dans la diplomatie, ce vœu, est resté vivant dans le débat. En Afrique centrale, les relations internationales sont marquées, comme l’ensemble de la sphère politique, par une présence résiduelle de femmes dans les hauts postes de décision. Selon Onu-femmes, c’est une proportion de près de 30% seulement. En cause: «la lente adaptation des protocoles qui a pu freiner la nomination de femmes; la préférence masculine dans des postes économiques et militaires ou encore la plus faible proportion de femmes admises dans des études vers la diplomatie». Cependant, les chiffres ne disent pas tout et les quotas ne suffisent pas pour briser le plafond de verre: certaines directions du ministère semblent maintenir un caractère plus masculin et d’autres plus féminin, certains postes sont aussi rarement occupés par des femmes et la majorité des femmes fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères sont employées au bas de l’échelle. Et à ce niveau, l’affaire, dans son ensemble, est d’autant plus difficile à régler qu’elle interfère avec l’un des autres grands problèmes des Etats. Seuls les idéologues et les naïfs croient que la question est définitivement tranchée dans tous les pays de la sous-région.
Et pour qu’elle le soit, l’on évoque le dépassement des schémas intellectuels périmés et d’autres erreurs de raisonnement qui fourmillent dans bien des pays d’Afrique centrale. C’est en allant au-delà du paradigme de la faiblesse de la femme…En attendant la «victoire». Plus précisément, nous suggérons que, pour nourrir la transparence nécessaire à la participation de la femme d’Afrique centrale dans les relations internationales, il faut renforcer leurs capacités, sélectionner les meilleures qui exercent dans le domaine, mais aussi les sanctionner si elles n’obtiennent pas les résultats attendus.

Ongoung Zong Bella

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