En ce vendredi 17 octobre 20024, à Yaoundé, des experts pluridisciplinaires (médecins, anthropologues, politologues, philosophes, communicateurs) participent à une conférence – débat organisé par la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. Cette grand-messe est un moment de questionnement sur la problématique du vaccin en Afrique.

Le fondement de la vaccination est de protéger une communauté en anticipant sur des éventuelles pathologies. Le grand questionnement est celui de savoir si on peut laisser autrui apporter les vaccins dans un contexte où les enjeux géopolitiques sont de plus en plus forts.
Noel Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, le directeur général de la CNPS déconstruit sans fioriture le discours meanstream des occidentaux sur les vaccins. Pour le manager des prestations sociales aux Cameroun, l’Occident vend du vent à la place des médicaments et des vaccins. Il est donc question pour l’Afrique de construire son modèle de développement d’une industrie des médicaments et des vaccins. Pour ce faire, il convoque l’histoire et l’anthropologie africaine en matière médicinale. « Si la vaccination est comprise comme le fait d’inoculer un germe atténué pour susciter une réaction positive dans la défense immunologique contre un agent pathogène afin de ne plus être infecté, les scarifications qui sont africaines sont des vaccins. On refuse à nos ancêtres la primauté de l’invention du vaccin. Alors que l’africain est le seul qui a toujours fait la vaccination », indique Noel Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, dans son exposé. Il est réconforté dans sa position par l’entretien qu’il a eu avec le représentant de l’OMS au Cameroun au début de la pandémie à Covid-19. Celui-ci prédisait une hécatombe si la population camerounaise n’était pas vaccinée à hauteur d’au moins 20%. L’hécatombe annoncée ne s’est pas produite alors que la population n’avait pas été vaccinée.
Pour mieux étayer son argumentaire, il évoque le caractère économique du vaccin. Il présente les sommes glanées, par les multinationales pharmaceutiques occidentales. Il prend le cas du groupe pharmaceutique américano-allemand Pfizer, qui a produit un vaccin en phase expérimentale et a été autorisé à la commercialisation par l’OMS. « Pfizer a fait un bénéfice de 40 milliards de dollars avec un produit inefficace », démontre-t-il. Il rejoint le Pr Binam, agrégée d’anesthésie-réanimation, qui dénonce la monopolisation des brevets, en privilégiant les médicaments qui produisent des milliards de dollars. Bigpharma, Pfizer, Johnson and Johnson, Moderna réalisaient un bénéfice de 1 000 dollars par seconde en 2022.
Afin que le changement de paradigme ait lieu, le patron de la CNPS interpelle les intellectuels. Noel Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame émet quelques pistes de réflexion pour une véritable éthique de la vaccination. Parmi celles-ci, on a la mise sur pied des équipes pluridisciplinaires et la production des analyses géopolitiques dont la source est l’argent. Il demande de réexaminer le Droit International, élaborer et avoir des constitutions qui permettent de se prémunir des multinationales. Sur le plan du financement, il souhaite voir un financement solidaire et efficace, développer l’industrie générique et développer la recherche sur la pharmacopée nationale. Sans oublier la mise en place des instituts d’évaluations des vaccins.
Stratégies
Le Pr Daniel Anicet Noah, anthropologue et communicateur, parlant de ces vaccins, souhaite voir les africains sortir de leur léthargie pour faire face à la diplomatie culturelle de l’occident. Et de présenter le corps comme, « un objet technique qu’on peut aborder de manière analytique. Tel qu’il est construit, on peut aussi le déconstruire ». La problématique du vaccin est très sensible pour que les africains laissent les médias occidentaux construire le narratif tout seul. Parce qu’ils ne vont promouvoir que leurs laboratoires.
Pour l’ensemble des panélistes, les vaccins produits par l’occident ne sont pas tous mauvais. Ils pensent que la science et la connaissance sont nécessaires pour une bonne prise de décision.
André Gromyko Balla
