Endettement : comment alléger l’ardoise à la base

Pour éviter que l’arbre touche le ciel entre 2025 et 2027, le gouvernement entend maintenir son niveau de dette vis-à-vis de ses partenaires financiers nationaux et internationaux à 50 % du PIB au plus.

Lus à tête reposée, les chiffres de la Caisse autonome d’amortissement (CAA) indiquent qu’à la fin du mois de juin 2024, la dette de l’administration centrale au Cameroun atteint déjà 40,4 % du PIB. Pour se donner une marge de manœuvre entre 2025 et 2027, le gouvernement s’impose un régime drastique articulé sur une barre qui ne dépasse pas 50 % du PIB. «Faute de quoi, le pays pourrait théoriquement se retrouver en défaut de paiement», explique Hilaire Fotsing. Selon l’économiste, c’est tout le sens de l’appel à la rationalisation et à l’assainissement lancé par Paul Biya. «Déjà tenu par une politique d’endettement dont il a épousé naïvement toutes les illusions, le Cameroun doit désormais jouer la carte de la prudence pour éviter de se ligoter durablement», avise Dr Mathurine Hilde Ebongue Dippa, analyste des questions de dette.

Et d’expliquer le bien-fondé de l’option consistant à n’inscrire annuellement que des projets déjà maturés, prioritaires et à fort impact socioéconomique. «Cela servira non pas seulement à remettre en route notre machine économique, mais à reconstruire toute l’économie du pays», explique-t-on. Précisant sa pensée, l’économiste ajoute: «il faudrait mettre à profit l’urgence dans laquelle on se trouve pour expérimenter de nouvelles façons de faire fonctionner notre économie: une occasion unique, donc, à ne pas manquer, car elle ne se représentera pas de sitôt. Cela va nécessiter que l’on procède à de très profondes réformes, dans tous les domaines, notamment avec une priorité accordée aux emprunts concessionnels, tandis que les emprunts non concessionnels seront contractés uniquement pour financer des projets à forte rentabilité financière et socioéconomique, pour lesquels les financements concessionnels ne sont pas disponibles».

On pourrait s’inspirer, en cette matière, de la circulaire signée le 23 octobre dernier par Paul Biya. Lequel recommande de mettre l’accent sur quelques aspects clés; réduction des subventions aux entreprises publiques, accroissement de l’offre énergétique aux industries et aux ménages, désenclavement des bassins de production, accroissement de l’offre locale des produits de grande consommation et des intrants destinés aux agro-industries, le renforcement du soutien financier au secteur de industrie , l’accélération du processus de décentralisation, la mise en œuvre du plan présidentiel de reconstruction et de développement des régions affectées par les crises sécuritaires notamment celles du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord…

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