Le Protocole franco-allemand signé le 24 décembre 1885 et la Convention franco-espagnole du 27 juin 1900 servent désormais d’aiguillons pour résoudre le différend territorial qui oppose les deux parties depuis juillet 2019.

Afin de mieux évaluer et de préciser la frontière commune entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, deux documents historiques sont appelés à jouer les arbitres. Selon une source ayant pris part aux travaux de la réunion de la Commission ad hoc sur la démarcation des frontières maritimes et terrestres, tenue la semaine dernière à Djibloho (Guinée Equatoriale), les délégués ont fait présenter plusieurs documents. «Il s’agit notamment du procès-verbal des délibérations, qui sera traduit en espagnol et sera analysé et modifié, du document relatif au protocole franco-allemand du 24 décembre 1885, qui précise les limites et possessions des deux pays de la côte d’Afrique et d’Océanie et le document sur la convention franco-espagnole du 27 juin 1900 qui définit les limites des possessions espagnoles en Afrique de l’Ouest et sur la côte de Guinée», apprend-on.
Entre «amis»
Le Cameroun et son voisin guinéen ont convenu de s’appuyer sur les deux derniers documents datant de l’époque coloniale pour finaliser la démarcation de leurs frontières communes. Malabo et Yaoundé, dont les relations s’étaient tendues en 2019 avec le lancement par la Guinée équatoriale de la construction d’un mur à sa frontière avec le Cameroun, privilégient désormais la solution diplomatique. «Ce d’autant plus qu’il existe, depuis 2020, un accord de coopération en matière de défense et de sécurité transfrontalière. Signé à l’époque à Sipopo, en Guinée équatoriale, par les ministres camerounais et équato-guinéens de la Défense, cet accord prévoit la prohibition de l’usage de la force entre les deux pays et la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre», explique notre source. Et d’ajouter : «seule une politique systématique de démarcation consensuelle peut nous permettre d’atteindre ces objectifs pour le bien-être des populations frontalières car, la coopération transfrontalière constitue alors un véritable laboratoire de la construction sous régionale. Les territoires frontaliers sont en effet des précurseurs en matière d’intégration économique, sociale et culturelle. Mais c’est aussi sur ces territoires, à la charnière de réalités nationales différentes, que se mesure la capacité de la construction communautaire à gommer les effets frontières. C’est au travers de la réalité quotidienne que l’adhésion des citoyens au projet d’intégration sous régionale et régionale s’approfondit», explique l’internationaliste Ferdinand Bouli Mengue.
Ongoung Zong Bella
