De quoi s’agit-il ?
-    ÂCrise cyclique :ÂYaoundé 23 décembre 2016, 18 Août 2021 (par visioconférence) et 16 décembre 2024 ; même scène
(sommet extraordinaire) avec le même sujet à l’ordre du jour et pratiquement les mêmes acteurs à quelques exceptions
près!1
-    ÂCrise lancinante :Âagaçante, énervante, douloureuseet ennuyeuse. Cette situation finit par atteindre et attaquer le tréfonds, l’intimité des citoyens de la zone
CEMAC et du Cameroun en particulier. On se sent nu, vulnérable, à la limite désarmé face à cette pieuvre !
- Crise éternelle ?Â1986-2024, pratiquement 04décennies (en tout cas en ce qui concerne le
Cameroun) que cela dure et le risque est grand de verser dans un sentiment d’impuissance, de lassitude et de désolation. Devrait-on s’en tenir à cette situation et attendre tout simplement la mort2.
Et pourtant les diagnostics multiples ont été faits.
Le potentiel en ressources diverses a été prouvé, avéré et démontré.
Les Experts se sont prononcés à maintes occasions…
Des solutions ont été proposées et des initiatives lancées…
Que NENI ! La moutarde ne prend toujours pas pour un véritable décollage !
- – Une sagesse bantoue attire l’attention des humains que si tu te retrouves plusd’une fois au pied d’un même arbre en forêt, le risque est grand que tu te sois égaré
- – Récit la veuve de Sarepta visitée par le prophète Élie (Bible chrétienne,Premier livre des Rois, verset 12.).
La présente réflexion, loin d’être fataliste ou désespérante tente une ultime contre- attaque pour susciter uneremOntada. Justement  dans  l’esprit  du Lion, l’Indomptable originel qui ne meurt pas de suite d’un combat, fut-il long, à l’image du ruisseau qui ne tarit pas, mais qui parvient à  la mer, signe
d’abondance.Nous n’allons donc plus ressasser les hypothèses et théories économiques. Il suffit de relire tout ce qui a été consigné depuis 1986. Mais , notre approche innovante sera d’essayer de convoquer un déclencheur pouvant être qualifié de subjectif, après ces multiples échecs : le mental et la psychologie colle
De toute évidence, les neurosciences et la psychologie cognitive3., nouvelles disciplines en développement continu,aident de mieux en mieux à décloisonner les frontières entre
« l’Objectif » et « le subjectif »; entre la réalité matérielle (objective) et la réalité perçue ou ressentie (subjective). C’est ainsi que la météorologie moderne intègre bien de nos jours et publie deux indicateurs de température (dans les pays tempérés): la température réelle et la température ressentie. Au constat, la réaction de l’être humain estbeaucoup plus conséquente à la température ressentie, considérée, pourtant comme subjective (à tord ?!).
Pour ce faire, nous mettons sur la table à débattre une trithérapie à levier, essentiellement mental à savoir :
- Une réaction rapide après le 16 décembre 2024 pour créer le choc et réviser/revisiter les stratégies et les visions nationales de développement des pays de la zone ;
- La rupture du tutorat éternel (FMI/Banque Mondiale, etc) avec la considération que
la résilience n’est pas un objectif de développement ; et la proclamation de la fin de la crise.
I.  échec, une crise, ne sont pas interdits… mais une juste réaction à  temps est nécessaire
Il appert que ces moments qui créent des chocs dans la vie courante sont généralement des opportunités pour rebâtir/ rebondir ou reconstruire, parfois mieux que ce qui était avant. L’histoire socio-économique des communautés et des couples (mariage) nous l’enseigne depuis la nuit des temps jusqu’à date. L’important et la clé étant de prendre la bonne décision à temps et de s’organiser pour atteindre le nouvel objet, la construction peut se faire à l’identique ou en changeant de vision/orientation. La reconstruction de la Cathédrale Notre Dame de Paris (2019-2024) ou du GrOund ZerO (ex-World Trade Center à New York après le 11 septembre 2001), en sont de parfaites illustrations.
Dans le cas d’espèce du dernier sommet extraordinaire, une mesure/action subjective pouvant créer un choc et un signal de rupture aurait été nécessaire dès le lendemain du 16 décembre 2024. Un lendemain pouvant se décliner enJOUR ou SEMAINE, mais pas en MOIS, pour traduire l’urgence de la cause. Cette mesure-choc devrait avoir pour terrain d’expression, chacun des États ou l’espace communautaire CEMAC dans son entité. On observe ! On attend !
Dans son éditorial paru dans Cameroon Business Today4 n°392 du mercredi 18 au Mardi 24 décembre 2024, le Coordonnateur général du Journal (gouvernemental) titre sur le jeu trouble de l’Administration. C’est dire que lediagnostic est connu ! Au niveau du Cameroun, une mesure, en guise de signal de rupture aurait pu/devrait par exemple porter sur ce levier de la gouvernance administrative (de l’économie).
-  La psychologie cognitive, ou psychologie de la connaissance, étudie les grandes fonctions psychologiques de l’être humain que sont la mémoire, le langage, l’intelligence, le raisonnement, la résolution de problèmes, la perception, l’attention et, récemment, les émotions, inhérentes à la psychologie cognitive
- Journal gouvernemental édité par SOPECAM, avec le quoti- dien bilingue Cameroon Tribune et Cameroon Inside. Et pour qui connait le pays, c’est la voie officielle qui parle.
Par ailleurs, sur le plan stratégique, le sommet extraordinaire de 2016 avait déjà conduit à mettre entre parenthèses le DSCE (2010- 2019) pour le substituer par un Nouveau programme économique (avec les PTFs) sur la période 2018-20205. Les résultats sont connus. La zone CEMAC n’est pas sortie de l’ornière. Allons-nous reprendre les mêmes pourrecommencer (le même schéma, au vu de ce que dit le communiqué final) ?
Au niveau national, la SND30 a été lancée en 2021. Après presque 05 ans et donc à mi- parcours de la mise en œuvre, quel sort lui sera réservé ? N’est-il pas temps (l’occasion faisant le larron) de la revisiter en vue d’une révision et d’uneadaptation de nos boussoles économique, sociale et environnementale que sont la Vision 2035 et la SND30 ? Et ce d’autantplus qu’un second programme triennal, la FEC-MEC a été engagé sur la période 2022- 2024 en même temps.
II. Mettre fin au tutorat éternel de notre économie (les économies de la CEMAC)
Notre conviction est connue et l’actualité nous réconforte. Le communiqué final officiel des assises du 16 décembre 2024, citant le Rapport des organes communautaires présenté par
- – La Facilité Élargie de Crédit (2018-2020), conclu avec le FMI, la Banque Mondiale, la BAD, l’UE et l’AFD, pour ce qui est du Cameroun
le gouverneur de la BEAC sur la situation économique, monétaire et financière de la CEMAC, dit « il en ressOrt que desprOgrès sensibles Ont été enregistrés depuis 2016 dans la mise en œuvre de certaines mesures et réfOrmes structurelles. » (Paragraphe 9). Pour les initiés en langage diplomatique, il est évident que ces mots sont loin d’exalter des succès probants !
Comment et sur quelles bases donc se fonder pour espérer que cette fois sera la bonne pour réussir dans ces réformes ?En rappel, tous les rapports de mission et documents de travail du FMI (puis de la Banque Mondiale et BAD) depuis 1986 comportent une section sur les réformes structurelles dont des points quasi permanents sur lagouvernance, les marchés publics et l’efficacité des dépenses publiques entre autres. Le communiqué final du sommet extraordinaire du 18 Août 2021 par visioconférence présente à quelque chose près (contexte post covid) les mêmes recommandations sur ces questions.
Le paragraphe 13 quant à lui revient sur la consolidation budgétaire (recommandée aussi en 2016), le paragraphe 15 confirme le maintien et la poursuite des programmes économiques (programme d’ajustement structurel en langage courant) en invoquant la dimension sociale (autrement appelé DSA) à l’époque des PAS, des années 1990-2000. Pour les plus âgés (+ 40 ans), on se croirait à la case départ des années de pilotage direct de l’économie par des programmes de court terme du FMI qui intègre plus tard la DSA avec la Banque Mondiale.
Quant au paraphe 16 qui recommande de privilégier les financements concessionnels dans les politiques d’endettement (identiques aux communiqués de 2016 et 2021), cette injonction est antinomique à notre avisavec une démarche/volontariste d’investir massivement pour le décollage économique vers l’émergence. La conséquence directe aboutit à la mise à l’écart de la SND30, et par ricochet que la Vision 2035 est donc fortement compromise ! D’oť un appel à la relecture et la révision de ces documents de références.
Notre plaidoyer quant à lui est clair : il soutient fortement un endettement bien géré qui réalise des investissements productifs rentables et capables de booster l’économie. Aucun pays ne peut se développer avec un endettement Ãdes taux concessionnels qui par définition limitent les plafonds de financements. Le curseur doit être missur la qualité de la gestion de la dette et non sur les guichets concessionnels. Les PTFs le savent mieux que quiconque. Pourquoi nous inscrire à la SIL alors que nous pouvons bien être admis au secondaire /supérieur à l’instar de la Côte d’Ivoire, du Ghana ou du Kenya?. Un nivellement vers le bas ?! Voilà ce qui fonde notre cri de mettre fin à ce tutorat éternel.
Au final, il est fort important d’admettre que la RESILIENCE n’est pas un objectif (finalité) de développement. Or de manière ontologique, les programmes d’ajustement structurel ( ou programmes
économiques en langage moins choquant) visent au mieux le redressement ou la Résilience de l’économie pour limiter lachute, et non pour avancer et décoller. C’est pour cette philosophie de base qu’il est temps d’y mettre fin. C’est notreplaidoyer. Changer ce paradigme, relève plus du mental et de la psychologie collective que des indicateurs macroéconomiques.
III. Déclarer/décréter la fin de la crise !
Le principe thermodynamique d’entropie (ou mort thermique) apporte désormais des preuves dans les sciences physiques d’un vieux principe universel selon lequel tout ce qui a eu un début, aura une fin. Bien longtemps avant, cetenseignement de Bouddha avait déjà annoncé : « Tout ce qui a un commencement a une fin. Sois en paix avec cette vérité et tout ira bien. ».
Après 04 décennies de « ceinture serrée6 et manches retroussées », il apparaît plus qu’opportun voire prioritaire dedécréter la fin de la crise. Oui, nous disons bien par DECRET !
Insensée, saugrenue cette idée, diraient beaucoup d’économistes, statisticiens, et autres intellectuels du livre qui se basent sur les indicateurs macroéconomiques. Ils auront raison, mais notre conviction reste inébranlable sur le plan mental. La pensée créatrice et l’action volontariste peuvent mieux changer le modèle conceptuel actuel de gestion de notre économie que la pratique courante basée sur les théories et thèses des IBW.
Quarante années à fonder la recherche de solution sur le modèle basé sur les indicateurs macroéconomiques et rien n’a changé, c’est donner raison à la thèse de William Easterley , publiée dans son livre7 « Les pays pauvres sont- ilscondamnés à le rester ?» , quand il «démontre que les politiques d’ajustement appliquées par le FMI et la Banque que Mondiale sont voués à l’échec.» Au vu des réalités expérimentées au Cameroun et en zone CEMAC, pourquoi ne pas essayer une approche différente, un baroud d’honneur et de dignité pour se lever. Ce que nous disons ne relève pas durêve ou de la prestidigitation, encore que, la situation actuelle en est-elle si éloignée ?
Oui par un DECRET, une déclaration de fin de crise pourrait créer un effet mirage qui se transforme à court et moyenterme en réalité.
- – Discours du Président Biya le 31/12/1986,… « 1987 ne sera pas une année facile ». Puis dans une interview à la CRTV le 19/01/1987. « Ce que les camerounais doiventsavoir, c’est que la crise économique est là et qu’elle a atteint le Cameroun. » Cf. In Anthologie des discours et interview du Président de la République du Cameroun 1982-2002, Volume II, Yaoundé, SOPECAM, 2002
- – W.EASTERLY (2006) Les pays pauvres sont-ils condam- nés à  le rester ?, Éditions d’Organisations, Paris traduction de l’anglais par Aymeric Piquet-Gauthier (Edition Originale, MIT Press, 2001)