Pour les premiers, les leçons dispensées pendant la période de trêve scolaire sont un vecteur de progrès intellectuel chez les élèves en difficulté. Pour les seconds, ce n’est rien d’autre que des «jours de congés bouffés».
A la rentrée prochaine, Ramsès sera en classe de 6e. Ce lundi 8 juillet, il est réveillé par ses parents. Selon ces derniers, il est difficile de penser «vacances» quand la moyenne obtenue par leur fils n’est pas rassurante. «Il a eu 11 au coucours. Ce résultat n’est pas bon. Je devais être satisfaite s’il avait au moins 12 de moyenne; les loisirs ne devraient donc pas dans ses priorités», lâche Irène. A écouter la mère du petit Ramsès, c’est cette approche correctrice qui structure la conduite imposée au gamin. Pour amener le petit à accepter son sort, son père André, lui promet une sortie dans une enseigne commerciale de la place de son choix tous les samedis.
Audrey est tenue par un de ses cousins, instituteur venu en vacances chez eux à Kodengui. Après son échec au BEPC, son père décide abréger les vacances de cette dernière. Elle n’a pas droit à la parole. Les consignes données à Yves, le répétiteur de circonstance sont claires. «Pas de télévision pour elle. Pas de balades. Elle doit étudier et travailler manuellement», impose le géniteur. Il met la mère de cette dernière à contribution, «il faut tout faire pour relever son niveau. Il faut veiller que les cours sont suivis par Audrey», assigne-t-il à sa femme.
Qu’en pensent les principaux concernés?
De manière générale, ils se débarrassent complètement de l’idée selon laquelle les cours de vacances leur feraient du bien. Ramsès se concentre sur «les jours de congés bouffés», lesquels s’accompagnent de tâches et de responsabilités supplémentaires. «Je dois faire les devoirs; je dois faire mes travaux avant d’aller en classe, alors que je suis en congé», se plaint-il. Audrey, pour sa part, prendre en compte cette conjonction de doubles contraintes et l’attitude dictatoriale de ses parents pour éclairer son non aux cours de vacances.
Alors même qu’il semble impossible d’en donner une définition satisfaisante, les cours de vacances sont partout et chargent de sens une grande partie du temps des élèves aux résultats médiocres. Pour certains parents, ils sont un vecteur de progrès intellectuel. Pour d’autres, ils constituent un rempart efficace contre les jeux pendant la période de trêve scolaire. «On peut donc faire le constat qu’il s’agit plus d’une offre dont le périmètre est circonscrit par la contrainte», postule Aubert Nguefack, psychologue spécialiste de l’enfant et de l’adolescent.
André Gromyko Balla