La rencontre qui se tiendra le 16 décembre 2024 permettra de trouver des solutions aux problèmes financiers des Etats de la zone;
Les chefs d’Etats du Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RCA et du Tchad ont rendez-vous à Yaoundé le 16 décembre 2024 pour un sommet extraordinaire convoqué par les présidents Paul Biya et Archange Faustin Touadera. Selon nos informations, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la France sont également parties prenantes à cette réunion d’urgence. Celle-ci, apprend-on, a pour point central la détérioration des finances publiques au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Il s’agira concrètement de trouver des solutions aux difficultés que rencontrent les Etats de la sous-région à s’acquitter du paiement des actifs et intérêts de leurs dettes.
Bis repetita
La sous-région fait de nouveau face à d’importants déséquilibres macroéconomiques et budgétaires. Aussi, comme en 2016, les parties prenantes aux futures assises cherchent des solutions. Ce d’autant plus que la situation ayant prévalu près de dix ans plutôt avait fait planer l’ombre d’une dévaluation monétaire. Aussi, le 23 décembre 2016, les chefs d’Etats de la Cemac se sont réunis dans un sommet extraordinaire qui avait pour but «d’examiner la situation économique et monétaire dans la zone Cemac et d’adopter des mesures appropriées visant à juguler les effets néfastes sur double choc pétrolier et sécuritaires sur les économies de la sous-région», renseigne le communiqué final desdits travaux. Lesquels ont débouché à des mesures de consolidation budgétaire dans le cadre de programmes d’ajustement signés avec le FMI; les résultats s’en sont rapidement fait ressentir. «L’exécution du budget de l’Etat s’est soldée en 2017 par un déficit global, base engagements dons compris de 1 347,8 milliards, en chute de 47,7%. En prenant en compte le déficit global, base trésorerie, qui est ressorti à 1 509,1 milliards, et en y ajoutant l’amortissement de la dette extérieure à hauteur de 968,4 milliards et le désengagement de l’Etat vis-à-vis du système non bancaire de 72,3 milliards, le besoin de financement global des Etats a atteint 2 549,8 milliards. Il a été entièrement couvert par des concours extérieurs comprenant 252,1 milliards de dons, 2 166,8 milliards des tirages au titre des prêts projets et trésorerie, 126,4 milliards des allègements de la dette, et des concours bancaires à hauteur de 4,6 milliards», pouvait alors indiquer la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) dans son rapport du Comité de politique monétaire du 21 mars 2018. Une position que confortera un an plus tard le président Paul Biya à l’occasion d’une rencontre avec ses homologues. «Nous constatons que la situation économique de notre sous-région tend à s’améliorer substantiellement. Le taux de croissance sous régional s’est situé à 1,8% en 2018. L’inflation se trouve en dessous de 3%; les déficits budgétaires et extérieurs sont sensiblement réduits; la dette publique se situe à près de 50% du Produit Intérieur Brut pour l’ensemble de la Communauté; les réserves de change de l’espace Cemac s’établissent à présent à plus de trois mois d’importations, écartant ainsi le risque d’ajustement monétaire».
Conjoncture
La situation connait cependant des niveaux de dégradation. Notamment depuis 2020, du fait de l’incidence de la crise sanitaire de Covid-19. Ainsi, en 2021, un nouveau sommet extraordinaire est organisé aux fins de de trouver des solutions complémentaires. Et bien que la situation connaisse des améliorations, les économies de la Cemac n’ont pas retrouvé les niveaux d’avant Covid-19. La croissance économique est retombée à 1,7% en 2023 contre 3,1% en 2022. L’inflation, en hausse depuis fin 2021, a commencé à fléchir au second semestre 2023. Elle est de 4,7% contre 6,3% un an plus tôt. Ce tableau partiel de la Banque mondiale est complété par une hausse des dépenses publiques face à un espace budgétaire qui s’amenuise. «Les dépenses totales dans la Cemac ont augmenté pour atteindre une moyenne de 20,1 pour cent du PIB en 2023 contre 18,3 pour cent en 2022, et l’excédent budgétaire a diminué à 1,1 pour cent du PIB contre 2,9 pour cent pendant cette période. La dette publique moyenne dans la région a augmenté pour atteindre 52,8 pour cent du PIB en 2023, contre 51,5 pour cent en 2022. La République du Congo est le pays où les pressions pour réduire le ratio dette/ PIB sont les plus fortes; ce ratio aurait atteint 96,0 pour cent en 2023. Le ratio dette/PIB du Gabon (70,5 pour cent) était juste au-dessus du critère de convergence de la dette de la CEMAC qui est de 70,0 pour cent du PIB», révèle l’institution dans son baromètre économique de mai. Le pire n’est cependant pas atteint car selon des projections, les niveaux d’endettement pourraient augmenter courant 2025; et ce, quoiqu’un bon nombre de pays, à l’instar du Congo, se soient déjà retrouvés dans l’incapacité à honorer des échéances de règlement du service de la dette.
Louise Nsana