Chine et intégration sous régionale en zone Cemac : la Chine et l’Afrique parlent d’une même voix

Les deux parties se sont accordées à Beijing du 4 au 6 septembre 2024, sur les nouvelles bases qui doivent régir leurs rapports avec les super puissances.

Photo prise le 15 février 2024 montrant une vue extérieure de l’atelier Luban en Ethiopie, établi dans un institut de formation professionnelle à Addis-Abeba, la capitale du pays. (Xinhua/Li Yahui)

1- Institutions internationales
La «Déclaration de Beijing sur la construction conjointe d’une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de tout temps à l’ère nouvelle» ne laisse aucune ambiguïté sur le fait que les deux parties sont en quête d’un bouleversement de l’ordre mondial actuel. Lequel brille en n’en point douter par l’iniquité, le néocolonialisme, l’exploitation économique internationale, l’intolérance et la stigmatisation, entre autres. C’est dans cette logique que les présidents chinois, les chefs d’Etats de 51 pays africains et le président de l’Union africaine ont posé ce 6 septembre 2024 les bases d’un remodelage des rapports de forces avec l’Occident. «La Chine estime que les Africains sont qualifiés pour accéder aux postes de direction des organisations et institutions internationales et leur accorde le soutien dans l’accomplissement de leur mission», déclarent-ils à l’issue du Forum Afrique-Chine tenu à Beijing. Cet engagement est prononcé alors que ce pays est engagé dans une guerre commerciale âpre avec les Etats-Unis et qu’il tente d’enraciner ses positions commerciales en Afrique ; et que de l’autre côté la Russie, le dernier bastion du communisme aux côtés de la Chine, des guerres, commerciale pour ce qui est de la Chine est opposé à l’occident au sujet du conflit armé contre l’Ukraine. Le continent africain pour sa part est lancé dans une quête pour une meilleure représentativité au sein du système des Nations unies. Alors que jusqu’ici le continent était cloitré au rang de figurant, ne participant pas pleinement à la prise de décisions sur des sujets le concernant. Le discours émanant de Beijing cette fin de semaine se veut intransigeant: «Nous appelons à la réforme nécessaire et au renforcement de l’Onu et de son Conseil de Sécurité, y compris à l’augmentation de la représentation des pays en développement, en particulier celle des États africains à l’Onu et à son Conseil de Sécurité, pour corriger les injustices historiques subies par les États africains».
La position de la Chine sur ce sujet n’est pas nouvelle. Ce qui change c’est cette velléité dorénavant marquée de créer un bloc Afrique-Chine dans le concert des nations. Cadre au travers duquel les parties entendent défendre leur attachement à l’indépendance, au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, à la non-ingérence dans les affaires intérieures, à l’autonomie, à la solidarité et au développement. «La Chine et l’Afrique se soutiennent mutuellement sur les questions touchant aux intérêts vitaux et aux préoccupations majeures de part et d’autre. La Chine réaffirme son soutien ferme à la Partie africaine dans la préservation de l’indépendance, de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale, de la souveraineté, de la sécurité et des intérêts de développement des États africains. La partie africaine réitère son ferme attachement au principe d’une seule Chine, réaffirme qu’il n’y a qu’une seule Chine dans le monde, que Taiwan est une partie inaliénable du territoire chinois et que le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légal représentant toute la Chine, et soutient résolument tous les efforts du gouvernement chinois pour réaliser la réunification du pays».

2- Economie bénéfique
La modernisation est le maitre-mot des relations économiques que la Chine et l’Afrique projettent pour l’avenir. Mais elle est également la ligne directrice des rapports de ce bloc avec le reste du monde. «La Chine et l’Afrique continueront de préserver les valeurs essentielles et les principes fondamentaux de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), de s’opposer au découplage et à la rupture des chaînes, de rejeter l’unilatéralisme et le protectionnisme et de défendre leurs intérêts légitimes et ceux des autres membres en développement, de sorte à renforcer la vitalité et la dynamique de la croissance mondiale. Les deux Parties participeront activement à la réforme de l’OMC et estiment que la réforme doit aboutir à un système commercial multilatéral inclusif, transparent, ouvert, non discriminatoire et équitable en renforçant le caractère central de la dimension de développement dans les travaux de l’Organisation, en ayant un mécanisme de règlement des différends complet et fonctionnel et en préservant les principes fondamentaux de l’OMC», présentent les parties; ajoutant que : «Nous condamnons les mesures coercitives unilatérales imposées par un certain nombre de pays développés aux pays en développement et portant atteinte à leur droit au développement durable et rejetons les mesures unilatérales et protectionnistes telles que le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières adoptées sous le prétexte de la lutte contre le changement climatique et de la protection de l’environnement», renseigne-t-on. Vis-à-vis des pays les moins avancés d’Afrique, la chine s’engage à ouvrir davantage son marché pour accroitre les échanges, à optimiser ses investissements sur le continent, à accroitre les transferts technologiques et accompagner les processus d’intégration régionaux en cours.

Mineraux essentiels en commun
Les matières premières critiques dont regorge l’Afrique sont au centre des convoitises à l’orée de la transition énergétique. Une ruée a lieu entre les grandes puissances à l’effet de s’en procurer les plus grands stocks. L’Union européenne a mis en vigueur une réglementation conséquente, qui garantit à la fois la création d’importantes réserves de minéraux essentiels, mais qui assure aussi la transformation locale de la grande majorité de ces biens. Face à elle, l’Asie dont la Chine, lorgne également cette richesse minière. Mais face aux convoitises occidentales, Beijing se veut être l’arbitre du jeu. «Nous nous engageons à bâtir une chaîne d’approvisionnement sûre et stable des minéraux essentiels pour apporter des bénéfices au monde entier tout en favorisant le développement durable des peuples chinois et africains. Nous saluons l’initiative de l’Assemblée générale des Nations Unies visant à créer un Groupe d’experts sur les minéraux essentiels à la transition énergétique et appelons à aider les pays fournisseurs de matières premières à accroître la valeur de la chaîne industrielle», souligne la déclaration.

Louise Nsana

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