C’est au quotidien et dans les actes que nous devons bâtir la paix

Une fois de plus, la paix polarisera l’attention des Ivoiriens, ce 15 novembre 2024. Elle sera invoquée par certains dans les mosquées, temples et églises du pays. D’autres participeront à des débats ici ou là pour montrer combien elle est précieuse et (se) convaincre que, sans elle, aucun développement socio-économique n’est possible.


Quelqu’importantes qu’elles soient, prières et réflexions ne suffiront cependant pas pour qu’advienne la paix durable à laquelle nous aspirons individuellement et collectivement si nous ne prenons pas conscience en même temps que nous avons à la construire quotidiennement. Une construction qui commence par la découverte de tout ce qui est contraire à la paix.
L’évangéliste Jean affirme que les apôtres avaient verrouillé les portes de la maison où ils se trouvaient parce qu’ils avaient peur des autorités juives après la mort de Jésus (Jn 20, 19-23).

Nombreux sont les Ivoiriens qui ont perdu la paix du cœur et de l’âme, qui vivent dans la peur. Ils ont peur que la prochaine élection présidentielle ne fasse encore des morts et des blessés, qu’elle ne débouche sur des violences et que les armes tonnent à nouveau dans le pays. Ils ont peur de sortir et de circuler dans certains quartiers à cause des microbes qui agressent et tuent impunément. Ils ont peur de voyager d’une ville à une autre à une certaine heure à cause des coupeurs de routes. N’ayant pas d’assurance maladie, ils ont peur d’aller à l’hôpital où le malade n’est pas soigné tant que ses parents n’ont pas déposé la somme nécessaire sur la table du médecin ou de l’infirmier. Ceux qui sont en exil ont peur de rentrer parce qu’ils se disent qu’ils pourraient être arrêtés et jetés en prison pour avoir critiqué un jour le régime Ouattara.
N’a pas non plus la paix l’homme privé de pain, de toit ou de vêtement, l’homme qui ne peut pas penser et s’exprimer librement, l’homme qui manque de moyens pour scolariser sa progéniture, l’homme victime de mépris, d’injustice, d’exploitation, de discrimination ou d’oppression.

Autant dire que la paix n’est pas simple absence de guerre. Certes, on ne se tire plus dessus dans notre pays pour le fauteuil présidentiel mais cela ne signifie pas nécessairement que le pays et ses habitants jouisent de la paix. Celle-ci doit être comprise aussi comme le fruit de la justice et de la sécurité. Car la paix ne peut exister là où les uns accumulent et festoient sans arrêt pendant que d’autres manquent du strict minimum, quand l’hévéa et la noix de cajou du planteur sont vendus à un prix dérisoire, lorsqu’une minorité s’enrichit outrageusement sur le dos de la majorité, là où on refuse de partager avec les démunis les richesses du pays, là où on recourt à la violence alors que la démocratie offre aux citoyens de débattre ou de dialoguer, là où le détournement et le gaspillage des deniers publics sont devenus monnaiecourante, etc.

C’est en refusant de pactiser avec ces anti-valeurs que nous participerons à l’avènement d’une Côte d’Ivoire pacifiée et réconciliée.
Vouloir la paix, ce n’est donc pas se contenter de prier pour elle, ni de discourir sur elle mais agir d’une manière qui honore et respecte les autres.
Si nous empruntons cette voie, alors “le désert se changera en verger et la droiture habitera dans le désert. Et la justice aura sa demeure dans le verger [car] l’œuvre de la justice est la paix, Et le fruit de la justice, le repos et la sécurité pour toujours. Et [notre] peuple demeurera dans le séjour de la paix, dans des habitations sûres, dans des asiles tranquilles” (Isaïe 32, 12-18).

Jean-Claude DJEREKE

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