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L’eau, source de vie… mais aussi de mort à l’Extrême Nord

Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, l’eau est à la fois une bénédiction et un danger.Les habitants doivent creuser des puits très profonds, parfois entre 40 et 50 mètres, pour en trouver. Chaque jour, des femmes, des enfants et des hommes meurent en cherchant cette eau si précieuse.Il faut parfois un ou deux jours, voire une semaine entière, pour réussir à ramener seulement 20 litres d’eau à la maison. Autour des points d’eau, les disputes et les bagarres sont fréquentes, car chacun veut remplir son seau en premier. Pourtant, après 43 ans de “Renouveau”, ces populations n’ont toujours pas vu d’amélioration. Elles continuent pourtant à voter massivement pour le RDPC, le parti au pouvoir. Dans le département du Mayo-Sava, où vivent de grandes personnalités politiques, la majorité de la population — les GUEMZEK,ZOULGO,PODOKO ,MATAL et les KIRDI-MORA — vit encore isolée dans les plaines et les montagnes, sans accès à l’eau potable. Alors, une question se pose :Que fait le gouvernement pour ces habitants qui souffrent tant ?Et où sont les organisations humanitaires qui devraient venir en aide à cette partie oubliée du pays ?Josué NABRAL Radio Intégration.

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Hélène Ngassa: « chaque mesure prise pour soutenir ces femmes a un effet multiplicateur sur toute la communauté »

Dans un contexte où les changements climatiques perturbent profondément les modes de vie des communautés rurales et où l’accès aux ressources financières reste limité pour les femmes, Intégration a rencontré l’experte en management des organisations communautaires et développement local au Cameroun. Elle nous livre son analyse des difficultés rencontrées par les femmes et les solutions que pourraient mettre en œuvre les institutions publiques pour y remédier. Dr. Ngassa, quelles sont, selon vous, les principales difficultés que rencontrent les femmes rurales face aux changements climatiques au Cameroun ? Les femmes rurales sont les premières victimes des variations climatiques. Elles gèrent l’agriculture familiale, l’approvisionnement en eau et la nutrition des enfants. Or, la sécheresse, les inondations et l’érosion des sols rendent ces tâches quotidiennes de plus en plus ardues. À l’Ouest et dans le Nord, certaines cultures essentielles comme le maïs ou le manioc échouent avant maturité, entraînant une insécurité alimentaire pour toute la famille. La pression est immense, car elles doivent répondre aux besoins immédiats de leurs familles tout en essayant d’anticiper des saisons imprévisibles. De nombreux témoignages illustrent à quel point le quotidien des femmes rurales est directement impacté par le climat et comment cette instabilité affecte la sécurité alimentaire, l’éducation des enfants et même la santé familiale. Et qu’en est-il de l’accès aux ressources financières ? C’est un vrai casse-tête. Les institutions financières formelles restent largement inaccessibles aux femmes rurales, souvent en raison de la nécessité de garanties foncières ou de documents administratifs qu’elles ne possèdent pas. Beaucoup se tournent vers le microcrédit ou les tontines, mais ces solutions ne suffisent pas à financer des projets agricoles innovants ou à compenser les pertes dues aux catastrophes climatiques. Cela limite leur capacité à investir dans des semences de qualité, de petits équipements agricoles ou même des activités génératrices de revenus complémentaires, les maintenant dans un cycle de vulnérabilité. Pour beaucoup, l’accès au financement reste une promesse non tenue, alors que ces femmes sont prêtes à investir leur travail et leur savoir-faire. Face à cette situation, quelles solutions concrètes les institutions publiques pourraient-elles mettre en place ? Il y a plusieurs axes. Premièrement, améliorer l’accès aux financements. Les banques et coopératives pourraient créer des produits adaptés aux femmes rurales, comme des microcrédits garantis par l’État ou des fonds de résilience climatique. On pourrait aussi renforcer les partenariats public-privé pour subventionner l’achat de semences résistantes à la sécheresse ou d’équipements agricoles modernes. Des initiatives pilotes dans certaines régions montrent déjà que lorsque l’État soutient directement les groupements de femmes, les résultats sont tangibles.Deuxièmement, la formation et l’accompagnement sont essentiels. Les femmes doivent être formées aux techniques agricoles adaptées au changement climatique : irrigation goutte-à-goutte, agroforesterie, diversification des cultures. Les services publics de vulgarisation agricole doivent intensifier leurs visites sur le terrain et offrir des conseils personnalisés. Ces formations ne se limitent pas à l’agriculture : elles incluent aussi la gestion financière de l’exploitation, la constitution de coopératives et l’accès aux marchés locaux.Troisièmement, il faut une approche de planification participative. Les femmes doivent être incluses dans les comités de gestion des ressources naturelles et des budgets communaux. Leur expérience du terrain est une richesse pour élaborer des politiques efficaces et durables. À l’Extrême-Nord, certaines communautés ont mis en place des systèmes de stockage de l’eau gérés par des groupes de femmes locales, qui pourraient être financés et étendus grâce à l’appui de l’État. Ce type d’implication favorise également la responsabilisation et la pérennité des initiatives locales. Certaines femmes dénoncent un manque de coordination entre les ministères et institutions publiques. Comment améliorer cela ? La fragmentation est un problème récurrent. Il faut des mécanismes de coordination plus efficaces entre le ministère de l’Agriculture, celui de la Femme et de la Famille, le ministère de l’Économie et les institutions financières publiques. Une « plateforme multisectorielle » pourrait centraliser les informations sur les programmes disponibles, simplifier les démarches administratives et permettre aux femmes rurales de bénéficier plus facilement des subventions ou des prêts. Les nouvelles technologies, comme les applications mobiles de suivi et de paiement, sont aussi des outils prometteurs pour connecter ces femmes aux services financiers et aux informations agricoles. Une meilleure coordination permettrait d’éviter que certaines initiatives se chevauchent ou échouent faute de suivi, et renforcerait la confiance des communautés dans les institutions publiques. Dans le domaine de l’éducation et de la sensibilisation, que peuvent faire les institutions ? L’éducation est un pilier. Les femmes rurales doivent être informées sur les droits fonciers, les opportunités financières et les pratiques agricoles résilientes. Les programmes radio et mobile sont très efficaces pour toucher les zones reculées. Il faut aussi soutenir l’enseignement technique et l’alphabétisation financière, afin que ces femmes puissent non seulement cultiver, mais gérer leurs revenus et épargner intelligemment. Les institutions peuvent également développer des programmes de mentorat, mettant en relation des femmes expérimentées avec des jeunes rurales pour transmettre des savoirs pratiques et des techniques d’adaptation au changement climatique. Selon vous, ces mesures sont-elles réalisables à court terme ? Oui, mais elles nécessitent une volonté politique forte et des financements ciblés. Il ne s’agit pas seulement d’investir de l’argent, mais de réorganiser les services publics pour qu’ils deviennent réellement accessibles et inclusifs. L’expérience montre que lorsque les institutions s’impliquent directement dans le soutien aux femmes rurales, les résultats sont visibles : augmentation des rendements agricoles, meilleure sécurité alimentaire et plus grande autonomie économique des ménages. Ce n’est pas seulement une question de justice sociale ; c’est aussi un investissement stratégique pour la résilience économique du pays. Pour conclure, quels seraient les messages clés à transmettre aux décideurs publics ? Trois messages principaux : intégrer les femmes rurales dans toutes les politiques de développement local, simplifier et sécuriser l’accès aux ressources financières et investir dans des formations pratiques adaptées aux réalités climatiques. Chaque mesure prise pour soutenir ces femmes a un effet multiplicateur sur toute la communauté. En soutenant celles qui nourrissent et entretiennent nos villages, on investit dans la résilience de tout le pays. Les décideurs doivent comprendre que ces interventions ne sont pas seulement philanthropiques ; elles sont vitales pour la sécurité alimentaire, la

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Tensions postélectorales: le Cameroun face au spectre de la division

L’attente prolongée de la proclamation des résultats officiels entretient un climat d’incertitude. Entre rumeurs, invectives identitaires et manipulations numériques, la cohésion nationale est mise à rude épreuve. Un silence propice à toutes les dérives Plusieurs jours après l’élection présidentielle, le Conseil constitutionnel n’a toujours pas rendu son verdict. Ce vide institutionnel alimente toutes les spéculations. Dans les marchés, les universités, les rédactions et jusque dans les salons privés, la même question revient : qui a vraiment gagné ? Ce doute, nourri par le silence officiel, s’est transformé en un terrain fertile pour les interprétations et les manipulations. Sur WhatsApp et Facebook, des messages anonymes circulent : certains évoquent des “fraudes massives”, d’autres parlent de “victoire volée”. Plus grave encore, les discours glissent insensiblement vers la stigmatisation ethnique. Un cadre administratif rencontré à Yaoundé résume la situation : « Ce n’est plus un débat politique, c’est devenu une guerre de récits. Et dans cette guerre, la vérité est la première victime ». Le spectre du tribalisme Les élections, au Cameroun, ont toujours réveillé des tensions identitaires latentes. Mais cette fois, la virulence des propos et la vitesse de propagation des messages inquiètent. Des expressions comme “les gens du Nord”, “les Bamilékés” ou “les Sudistes” refont surface, réactivant des clivages que l’on croyait surmontés. Les observateurs s’accordent à dire qu’il s’agit d’une stratégie délibérée. « Ces discours n’apparaissent pas par hasard, explique un chercheur en communication politique. Ils visent à détourner l’attention du vrai enjeu : la transparence du scrutin et la crédibilité du processus démocratique ». Au lieu d’un débat sur les programmes ou les réformes, la discussion publique s’enlise dans des soupçons communautaires, chaque camp cherchant à se justifier par son appartenance plutôt que par ses idées. “Le changement, oui, mais pas avec eux” Les contradictions du discours politique sont frappantes. Hier, certains disaient : « Nous voulons le changement, mais pas avec Kamto, il n’est pas sérieux » ou « Le problème, ce sont les Bamilékés ». Aujourd’hui, on entend : « Le problème, ce sont les Nordistes », ou encore « Tchiroma ne doit pas passer ». Cette posture révèle une constance : le refus du changement selon son visage. Sous couvert d’arguments rationnels, se cache une peur plus profonde : celle de la perte d’un équilibre politique figé depuis des décennies. « Le tribalisme politique est devenu un outil de dissuasion, observe un sociologue de Garoua. Il permet de maintenir le statu quo, en faisant croire que l’alternance mettrait en danger la cohésion nationale ». Une fracture Nord-Sud L’idée d’une opposition Nord–Sud refait surface à chaque élection, mais elle ne repose sur aucun fondement réel. Les difficultés économiques, le chômage des jeunes, la pauvreté ou la corruption touchent l’ensemble du pays. Pourtant, certains acteurs politiques entretiennent cette fracture fictive, y voyant un moyen de mobiliser leurs bases ou de délégitimer leurs adversaires. Dans les régions septentrionales, où le sentiment d’exclusion est déjà profond, ces propos trouvent un écho particulier. À l’inverse, dans le Sud, la peur d’une “revanche politique” s’installe. Un cocktail explosif qui, selon un haut fonctionnaire du ministère de l’Administration territoriale, pourrait « déstabiliser durablement la paix civile si rien n’est fait pour calmer les esprits ». Les réseaux sociaux, catalyseurs du malaise Dans ce climat, les plateformes numériques jouent un rôle central. Des pages influentes, parfois pilotées depuis l’étranger, orchestrent la diffusion de contenus polarisants. Images truquées, extraits audios sortis de leur contexte, slogans violents : les outils sont connus, mais leur impact est décuplé par la viralité des réseaux. Une cellule de veille citoyenne basée à Douala a recensé en 48 heures plus de 1 500 publications à caractère ethnique liées à l’élection du 12 octobre. Le phénomène inquiète jusque dans les milieux humanitaires et diplomatiques : « Ce n’est pas seulement une crise politique, commente un observateur étranger. C’est une guerre de perceptions qui menace la stabilité du pays ». Préserver la nation, l’urgence absolue Dans ce contexte tendu, les voix de la raison se font entendre. Des associations, des leaders religieux, des intellectuels appellent à la responsabilité collective. « Nous devons éviter de transformer une compétition politique en conflit identitaire », plaide un chef religieux à Yaoundé. Le Cameroun a déjà connu des périodes de crise et a su, à chaque fois, retrouver un équilibre fragile. Mais cette fois, la polarisation semble plus profonde, portée par la rapidité des réseaux sociaux et l’érosion de la confiance institutionnelle. Plus que jamais, l’appel à l’unité nationale doit être entendu : le Cameroun ne se résume pas à ses régions, mais à son peuple. Et ce peuple, dans toute sa diversité, partage un même destin : celui d’un pays qui doit survivre à ses élections. TOM

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Port fluvial de Garoua: le théâtre rouillé au bord de la Bénoué

Autrefois miroir du commerce régional, il n’offre plus qu’un plus qu’un reflet trouble. Ce 10 octobre 2025, le port fluvial de Garoua s’est réveillé sous un manteau de poussière et de brouillard laissé par la nuit. Alors que les premiers rayons du soleil se reflètent sur l’eau de la Bénoué, un pêcheur surgit, brandissant une canne quatre fois plus grande que lui. « Je pêche le poisson dans les épaves de bateaux et de pirogues, là où les poissons viennent se cacher, c’est très facile de les attraper », explique-t-il, avec l’air de quelqu’un qui a trouvé la recette secrète du bonheur. Au loin, un homme joue à cache-cache avec nous, s’éloignant chaque fois que l’on croit s’en approcher. Et voici qu’on tombe nez à nez avec, un autre pêcheur. Nu comme un ver, il taquine le reporter et fait observer que nous avons pénétré le territoire des naturistes, un territoire où l’art de la pêche passe par la nudité. « C’est comme çà ici depuis que le port est mort », confie-t-il, avec un sourire aussi large que le fleuve. Mort, vraiment ? On voudrait protester, sauver au moins l’honneur du géant fluvial. Mais les eaux de la Benoué semblent embarrassées d’elles-mêmes, comme si elles s’excusaient d’exister encore. Autrefois miroir du commerce régional, elles n’offrent plus qu’un reflet trouble, brisé par les carcasses de barges immobiles. Le fleuve soupire, le quai craque, et le vent siffle des chansons de départ sans retour. « Le port de Garoua est mort, je vous l’ai dit », répète le pêcheur nu, philosophe malgré lui. Face à nous, la silhouette du port se dresse, si l’on peut dire, dans un équilibre précaire, pareil à un vieillard qui refuse de s’asseoir de peur de ne plus pouvoir se relever. Crevassés comme des joues ridées, les entrepôts laissent passer des ronces et des souvenirs. Les grues, ces girafes métalliques, s’inclinent doucement dans le vent, méditant sur leur gloire passée. Jadis, elles levaient des tonnes de marchandises. Aujourd’hui, elles lèvent à peine un soupir. Flâner ici, c’est marcher dans une élégie. Chaque pas soulève un nuage de poussière, comme si le sol lui-même cherchait à nous cacher la vue. Le port de Garoua ne s’effondre pas : il s’étire dans son agonie, avec la grâce maladroite d’un éléphant dans un hamac. Aboubakar, ancien docker au visage buriné par le vent et la nostalgie, gratte sa barbe et soupire : « Avant, on partait tôt, le cœur battant. On savait que la journée serait longue, mais on rentrait avec de quoi nourrir les enfants. Maintenant, on vient juste pour bavarder avec les oiseaux ». Il montre du doigt une vieille barge éventrée, où de nombreux pique-bœufs et quelques hérons épuisés partagent le répit de ces ruines bienveillantes. « Voilà nos nouveaux collègues », dit-il en riant. Son rire sonne comme une boîte de conserve qu’on écrase. Ruines Entre les murs fissurés des anciens entrepôts, une vieille radio grésille quelque part, diffusant un makossa nostalgique. Visiblement, la vie ici a trouvé d’autres locataires. Dans ces cathédrales de tôles et de rouille, hommes et bêtes cohabitent en silence, unis par la même fatigue, par le même instinct de survie sous la chaleur impitoyable de la partie septentrionale du Cameroun. Des sans-abris y ont dressé des lits de fortune, faits de cartons, de filets de pêche. Des enfants jouent au foot avec une bouteille en plastique, juste à côté d’un hangar éventré. Comme des alpinistes, des chèvres escaladent les vieilles armoires. Des moustiques et des grenouilles chantent leurs versets. Le tout baigne dans un décor surréaliste, où la rouille, la moisissure, la poussière, se mêlent au parfum âcre du gasoil, du poisson séché et du chanvre indien. Et quand le vent s’y met, les tôles des entrepôts entonnent un concert de métal rouillé, digne d’un orchestre de fin du monde. Sur les quais, on dirait que tout est là pour nous rappeler que le temps et l’abandon ne font pas de cadeau.  Ici, des restes se mêlent à ceux du présent : chaussures orphelines, sacs éventrés, chemises abandonnées par des voyageurs pressés de rejoindre le Nigéria. « Les objets aussi veulent rester ici. Ils se souviennent de ce qu’était cet endroit auparavant », ironise Amina, vendeuse de poissons séchés, les mains noircies par la fumée. « Avant, ma pirogue partait le matin, arrivait le soir. Maintenant, on attend trois jours, et quand elle revient, elle sent le désespoir mariné ». Nostalgie Fadimatou Idriss, cheffe d’une petite coopérative de transport fluvial basé à Garoua et au Nigéria, note dans son carnet les maigres allées et venues de la semaine : « Il y a dix ans, je comptais trente pirogues par jour. Aujourd’hui, j’en vois deux, parfois trois quand Dieu est de bonne humeur ». Son bureau, une baraque en planches rongée par les termites, fait face à un quai désert. « Même les poissons ont déserté la Bénoué, ils doivent trouver le courant trop lent. Avant, les cris des dockers couvraient le chant des oiseaux. Maintenant, c’est l’inverse ». Elle montre une vieille balance rouillée. « On pesait des sacs de riz, des noix de karité, des cargaisons entières de coton. Aujourd’hui, on pèse le vent». Plus loin, dans un hangar transformé en garage improvisé, on croise Ibrahim Djouldé, ancien capitaine de barge devenu réparateur de vélos ici à Garoua. « J’ai conduit ici jusqu’à vingt convois par mois, dit-il avec un sourire mélancolique. On transportait du ciment, du carburant, des rêves. Maintenant, je répare des pneus crevés et des rêves percés ». Il montre du doigt une vieille photo jaunie : on y voit sa barge, fière, pleine à craquer, un drapeau flottant dans la brume. « Quand j’ai quitté la navigation, j’ai pleuré. Mais vous savez quoi ? Les larmes, ici, sèchent plus vite que les budgets ». Il rit, un rire nerveux, puis ajoute : « Le trafic a fondu comme beurre au soleil. A l’époque, chaque départ d’embarcation vers le Nigéria ressemble à un petit chaos organisé.

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Santé publique: la grippe joue aux farces et attaques

Une hausse marquée des cas de grippe frappe plusieurs régions du Cameroun. En cause : une souche particulièrement virulente du virus A/H3N2, dont certaines mutations inquiètent les scientifiques. Fièvre persistante, toux sèche, douleurs musculaires… Depuis plusieurs semaines, les hôpitaux camerounais constatent une recrudescence de syndromes grippaux, notamment chez les enfants. Le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, a tiré la sonnette d’alarme le 15 octobre dernier, évoquant une « nette augmentation » des infections respiratoires aiguës dans les régions du Littoral, du Centre, du Nord-Ouest et de l’Ouest. Entre août et octobre, 850 échantillons ont été analysés : 179 étaient positifs à la grippe, soit un taux de 21,1 %. Aucun décès n’a été enregistré pour l’instant, mais les urgences sont saturées, surtout chez les enfants de moins de cinq ans. « La grippe progresse chez les moins de 65 ans, surtout les enfants, mais ralentit chez les plus âgés. Pourtant, l’intensité globale reste très élevée », explique le Pr Honoré Kesseng, infectiologue. Pendant ce temps, la COVID-19 reste stable, avec seulement cinq cas confirmés sur la même période, un taux de positivité de 0,59 %, sans hospitalisations graves ni nouveaux variants. Mais c’est bien la grippe saisonnière qui inquiète le plus les experts. Expertise Selon le Centre Pasteur du Cameroun, dont le service d’épidémiologie est partenaire du réseau national de surveillance, la situation est suivie de près. « Depuis 2023, le Cameroun a enregistré de nombreux cas liés au virus A/H3N2, actuellement l’un des sous-types les plus fréquents dans le monde », indique l’institution. Le CPC a séquencé les souches locales (2023-2024) et révèle qu’elles appartiennent toutes à la lignée 3c.2a. Le plus inquiétant : plusieurs mutations importantes ont été détectées. Parmi elles, la mutation H275Y, retrouvée dans environ 30 % des échantillons, est connue pour provoquer une résistance à l’oseltamivir, l’un des principaux antiviraux utilisés contre la grippe. « Cela montre que le virus évolue rapidement, parfois en s’éloignant des souches vaccinales », souligne le CPC, insistant sur la nécessité d’une surveillance génétique constante, notamment en Afrique centrale. Face à cette flambée et aux risques associés, le ministère de la Santé appelle à une vigilance accrue : éviter l’automédication, consulter tôt en cas de symptômes, appliquer les gestes barrières, et promouvoir la vaccination, encore marginale au Cameroun. « Ce sont des mesures simples mais efficaces pour limiter les formes graves et ralentir la circulation du virus », rappelle Pr Kesseng. Il appelle également à une meilleure formation du personnel soignant dans la détection précoce des cas et dans la gestion des complications liées à la grippe. À ce jour, la couverture vaccinale contre la grippe reste faible, faute de sensibilisation, d’approvisionnement stable en vaccins et d’adhésion du public. Pourtant, selon les experts, la vaccination reste la meilleure arme pour prévenir les formes graves et protéger les populations à risque, notamment les personnes âgées, les enfants et les personnes immunodéprimées. Alors que la saison sèche approche, les autorités redoutent une pression épidémique durable. La grippe, souvent sous-estimée, montre cette année un visage plus agressif, nécessitant une réponse sanitaire rapide et coordonnée. Jean-René Meva’a Amougou

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Transferts d’argent : le Cameroun leader de la CEMAC

Selon un rapport publié le 14 octobre 2025 par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), les ressortissants de la sous-région ont reçu 557,3 milliards FCFA via le Mobile Money en 2023, un record historique. Dans ce contexte, le Cameroun se distingue comme le moteur de cette révolution numérique, concentrant 62,11 % des comptes Mobile Money, 63,58 % des transactions en volume et 76,57 % de la valeur totale des opérations. A en croire des experts de la finance électronique, cette position dominante s’explique par une forte pénétration de la téléphonie mobile et une adoption rapide des solutions numériques par les populations. Les flux financiers en provenance d’Europe, qui représentent 399 milliards FCFA, et d’Amérique, 105,2 milliards, témoignent de l’importance de la diaspora dans le développement économique régional. La start-up britannique WorldRemit, implantée au Cameroun depuis 2016, a contribué à cette dynamique en nouant des partenariats avec MTN et Orange, alimentant directement les portefeuilles Mobile Money locaux. Entre 2020 et 2023, plus de cinq millions de comptes supplémentaires ont été ouverts au Cameroun, portant le total à 24,86 millions. Cette progression s’accompagne d’une hausse significative des transactions, qui représentent désormais 63,58 % des opérations dans la CEMAC. Le taux d’activité sur 30 jours atteint 47,04 % dans le pays, contre 42,67 % pour l’ensemble de la sous-région, démontrant l’adoption croissante de la monnaie électronique pour les dépenses quotidiennes. Le leadership camerounais s’affirme également par des actions promotionnelles soutenues des opérateurs et une offre de services diversifiée, renforçant l’inclusion financière et la fluidité des flux monétaires. Dans un espace CEMAC où les transferts traditionnels restent souvent contraints, le Mobile Money au Cameroun impose désormais un modèle économique performant, rapide et accessible, plaçant le pays au cœur de la modernisation financière régionale. Ongoung Zong Bella

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Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)

Au cours de ce mois d’octobre 2025, ce démembrement onusien organise le 43e convoi de retour volontaire des réfugiés centrafricains installés au Cameroun. Les convois sont organisés depuis plusieurs régions camerounaises, notamment l’Est, l’Adamaoua et le Nord, où résident encore des dizaines de milliers de réfugiés centrafricains. Rappelons qu’avec l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines régions de la République centrafricaine, ces départs s’inscrivent dans le cadre de l’accord tripartite signé le 29 juin 2016 entre les gouvernements du Cameroun, de la Centrafrique et le HCR.

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23%

A en croire un rapport conjoint de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance), l’échelle mondiale en 2024, c’est la portion d’enfants et d’adolescents souffrant d’un trouble mental. Le même rapport souligne que « la dépression, l’anxiété et les troubles du comportement figurent parmi les principales causes de maladie et d’invalidité dans ces groupes d’âge, tandis que des troubles tels que les troubles du développement, l’épilepsie et les troubles alimentaires ont également un impact significatif sur la santé. Le suicide est la troisième cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans ».

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Afrique : l’heure de reprendre la plume

Il aura fallu soixante ans. Soixante années de persévérance, de recherches, de luttes intellectuelles pour qu’aboutisse enfin l’un des projets éditoriaux les plus ambitieux du XXe siècle : l’Histoire générale de l’Afrique, lancée par l’Unesco en 1964, trouve aujourd’hui son achèvement. À Paris, ce 17 octobre 2025, les trois derniers volumes ont été présentés. Et avec eux, c’est bien plus qu’une somme de connaissances qui se clôt : c’est une page de la souveraineté culturelle africaine qui s’ouvre. Car ce projet n’était pas neutre. Il ne l’a jamais été. Il est né dans un contexte de décolonisation politique, pour répondre à un vide aussi immense qu’injuste : l’absence d’une histoire de l’Afrique pensée, écrite et racontée par les Africains eux-mêmes. Jusqu’aux années 1960, l’histoire du continent était racontée depuis l’Europe ou l’Amérique du Nord, à travers un prisme biaisé, souvent paternaliste, parfois raciste, toujours éloigné des réalités vécues. Les historiens africains ont donc repris la plume. Ils ont déconstruit les mythes, écarté les schémas diffusionnistes selon lesquels l’Afrique aurait toujours reçu de l’extérieur, sans jamais innover. Ils ont rétabli des vérités, fait émerger des figures oubliées, mis en lumière les dynamiques internes du continent. Pendant plus d’une décennie, plus de 200 chercheurs, réunis sous la coordination de l’archéologue camerounais Augustin Holl, ont travaillé sans relâche pour harmoniser les approches, intégrer les nouvelles découvertes et replacer l’Afrique au centre de sa propre histoire. Cette œuvre monumentale est une victoire. Mais elle n’est pas un aboutissement : elle est un point de départ. Car l’histoire n’est pas qu’un savoir : c’est un pouvoir. Celui de se nommer, de se projeter, de construire un récit commun. En se réappropriant son passé, l’Afrique pose les fondations de son avenir. Elle brise les chaînes symboliques d’un savoir confisqué et affirme sa voix dans le concert des nations. « Mission accomplie », disent les responsables du projet. Peut-être. Mais la mission véritable commence maintenant. Écrire l’histoire, ce n’est pas simplement retrouver le passé. C’est façonner le présent, préparer l’avenir. Il ne suffit pas de corriger les livres. Il faut les lire, les transmettre, les incarner. Il est temps que les manuels scolaires africains reflètent cette histoire réécrite. Que les médias africains la diffusent. Que les jeunes générations s’en inspirent. Trop longtemps, les imaginaires africains ont été nourris par les récits de l’autre. Il est temps de se raconter soi-même. De ne plus subir les regards extérieurs, mais de porter le sien, lucide et digne, sur son propre chemin. L’Afrique ne manque ni de voix, ni de mémoire, ni d’héritage. Ce qu’elle réclame, c’est que son histoire cesse d’être périphérique. Qu’elle cesse d’être racontée à la troisième personne. Qu’elle retrouve sa centralité dans les débats mondiaux, non pas comme un continent de souffrance, mais comme un espace de création, de pensée, d’humanité. L’Afrique reprend la plume. À nous de l’écouter. Et, surtout, de ne plus jamais lui arracher le stylo. JRMA

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Election présidentielle au Cameroun: les diplomates étrangers comme des carpes

Face à la transe générée par le scrutin du 12 octobre dernier, ils sont barricadés dans le silence. « Ce n’est pas à nous d’intervenir dans les affaires internes d’un État souverain », confie, sous couvert d’anonymat, un diplomate occidental en poste dans la capitale. Une position qui, bien que silencieuse en apparence, n’en demeure pas moins stratégique. En filigrane, c’est la Convention de Vienne de 1961 qui fixe les contours de cette posture : les missions diplomatiques sont tenues d’observer, non d’influencer. La prudence affichée par les chancelleries s’inscrit donc dans une ligne juridique claire. Le texte fondateur des relations diplomatiques interdit toute ingérence, notamment en période électorale, moment sensible dans la vie politique des États. Pour les diplomates, il ne s’agit pas de cautionner ou de critiquer, mais de rester à distance, tout en suivant de près les développements. Coulisses Cependant, selon plusieurs sources proches des milieux diplomatiques, des initiatives seraient bel et bien en cours, loin des projecteurs. Certaines ambassades mèneraient des démarches discrètes afin d’encourager un dialogue apaisé entre les différents acteurs politiques, dans un contexte post-électoral parfois tendu. Cette diplomatie de l’ombre, conduite sans écho médiatique, vise à prévenir une éventuelle escalade des tensions. Elle s’appuie sur des canaux informels, où la discrétion est la règle, et non l’exception. En l’absence de parole publique, les ambassades entendent ainsi jouer un rôle d’observateur actif, sans transgresser les principes diplomatiques. Dans les cercles d’analystes, cette posture est diversement interprétée. Certains y voient une forme de prudence justifiée par l’histoire des relations entre puissances étrangères et États africains. D’autres, au contraire, estiment que ce silence pourrait être perçu comme une forme de passivité face à des enjeux démocratiques majeurs. Pour l’heure, aucune prise de position officielle n’est venue éclaircir la ligne des partenaires internationaux du Cameroun.Du côté des autorités camerounaises, cette réserve est perçue comme un signe de respect. Elle permet au pouvoir en place de revendiquer la pleine maîtrise de son calendrier politique, sans pression extérieure. Mais elle n’éteint pas pour autant les attentes d’une partie de la société civile, qui espérait des prises de position plus claires sur le déroulement du scrutin. Dans ce contexte, le rôle des diplomates oscille entre devoir de réserve et responsabilité morale. Un équilibre délicat à maintenir, dans une période où chaque mot, chaque geste, peut être interprété politiquement. Les jours à venir diront si ce mutisme restera de rigueur, ou s’il cèdera la place à une expression plus explicite des positions diplomatiques. Ongoung Zong Bella

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