La Loi des finances 2025 vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale. Pour une somme de 7 317,7 milliards de FCFA. Entre plusieurs questionnements sur l’action de l’Etat au courant de l’exercice écoulé, certains élus se montrent critiques sur les circonstances de travail en cette dernière session de l’année 2024.
L’on croyait avoir franchi le seuil du comportement indécent à l’Assemblée nationale du Cameroun, avec l’exposé, courant mars, de la doyenne d’âge sur l’absentéisme notoire des députés et le manque de collaboration entre ces derniers et les membres du gouvernement ; c’est certainement que l’on n’avait pas donné suffisamment de temps au temps de faire son temps. Car d’une session à une autre, l’on est parvenue au dernier rassemblement ordinaire des élus de la nation pour l’année 2024. Celui pendant lequel, ils examinent et adoptent le projet de loi de Finances. Lequel fixe pour l’exercice prochain exercice le budget de l’Etat à la somme de 7 317,7 milliards de FCFA (en augmentation de 38% par rapport à 2024). Mais pour une frange des députés, les circonstances d’implémentation de cette mission posent problème. «Je me retrouve une fois de plus au mur des lamentations de la nation camerounaise pour ce projet de loi de finances qui est arrivé chez nous le 1er décembre, c’est-à-dire avec 35 jours de retard alors que très honorable président, si vous déposez votre dossier de candidature avec une minute de retard à Elecam, vous ne serez plus au perchoir. Encore mieux, chez ceux-là même qui présentent ce projet de loi, si vous déposez vos déclarations d’impôt avec un jour de retard, on vous donne des pénalités qui, pour beaucoup d’entreprises les poussent presque à a faillite et parfois même à la faillite», a déploré Joshua Osih, député du Social democratic front (SDF) au perchoir de l’auguste chambre ce dimanche 8 décembre.
20 heures pour examiner le texte d’une centaine de pages. C’est le temps accordé aux élus pour se conformer à cette exigence de la loi, selon L’Honorable Joshua Osih. Il tire la sonnette d’alarme. «Comment peut-on avoir un budget qui représente les aspirations du peuple camerounais quand on donne 20 heures aux honorables députés que nous sommes pour pouvoir défendre les intérêts du peuple camerounais. 20 heures entre le moment où la loi est déposée et le moment où la commission des Finances et du Budget Commence son travail. Quand nous visitons d’autres assemblées nationales, en général en Occident, une loi de finances a entre 500 et 1000 amendements qui sont déposés. Mais chez nous, nous n’avons pas le temps de couvrir même les propos liminaires de la loi que la Commission des Finances et du budget siège déjà et donc nous ne pouvons plus déposer nos amendements. Depuis 2013, nous n’avons pas eu une seule loi de finances qui est arrivé à temps. Ni la loi de finances, ni la loi de règlement, ni le débat d’orientation budgétaire», clame-t-il.
Disparition d’amendements
Les récriminations du député SDF trouvent écho auprès de l’honorable Cabral Libii; mais l’élu du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) monte des degrés pour dévoiler des actes d’une autre nature. «Dans les mêmes conditions que vient de décrire l’Honorable Joshua Osih, nous au PCRN nous avons déposé des amendements l’an dernier. Une bonne partie d’entre eux ont été examinés et même adoptés en commission. Cette année, dans les mêmes conditions, nous avons déposés des amendements et à votre secrétariat et au secrétariat du Secrétaire général. Ils ont disparu. Ma première question est : dans quel beignetariat de Ngoa-Ekelle ont-ils été jetés? Avec un peu de chances, nous allons faire emballer nos propres beignets avec», déclare-t-il. Puis dans une satire ouverte, il s’attaque aux dispositions de la loi des finances 2025. «Quel objectif poursuit un gouvernement qui dit promouvoir, un an plus tôt la transformation locale du bois en produits manufacturés par l’institution d’un droit de sortie discriminatoire sur les bois de grume mais consacre, un an plus tard, des amendements conséquents sur lesdits droits, sur simple présentation d’un certificat de conformité aux normes en matière de lutte contre la déforestation. Où est la cohérence. Le gouvernement s’est engagé à réaliser la SND30 avec des objectifs clairement affichés : un scénario qui présente un taux de croissance moyenne de 6,6% pour la période 2021-2025. Pourtant vous n’ambitionnez qu’un taux de croissance de 4,1% en 2025. Alors la SND est-elle toujours 30 ou alors elle a glissé à 40, à 50 ou à jamais», questionne Cabral Libii.
Réponse aux critiques
Réagissant à ces constations dans le cadre du traditionnel exercice de réponses aux questions orales, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze tance les députés de l’opposition. «Il n’y a aucune volonté de la part du gouvernement à faire en sorte que ce projet de loi qui vous est soumis arrive tard. Il peut y avoir des contingences qui peuvent créer ces retards. J’espère d’ailleurs qu’après avoir lu le projet de loi, il vous est apparu qu’il ne peut y avoir rien que le gouvernement aurait voulu cacher aux députés. L’Honorable Joshua Osih a justement dit qu’il y a le chômage et l’inflation et le projet arrive tard. J’espère que l’Honorable Joshua Osih peut nous dire que si le projet était arrivé tôt, cela aurait créé beaucoup plus d’emplois. Je ne vois pas le lien», souligne le membre du gouvernement.
Louise Nsana