Souvent pointés du doigt pour leurs frais de scolarité élevés, ils ont encore fait bondir leurs prix.
C’est la première donnée, édifiante, d’une enquête de la Fédération camerounaise des syndicats des enseignants (Fecase). A en croire Thobie Emanuel Mbassi Ondoa, son secrétaire général, les frais de scolarité ont encore été augmentés cette année dans certains établissements privés au Cameroun. Des informations obtenues par le biais de la Fecase, la hausse se situe à environ 15 000 FCFA. «Ce n’est pas tout», peste un parent d’élève rencontré à Yaoundé. Les prix de l’uniforme et du pullover ont connus une hausse, passant respectivement de 8000 à 15 000 FCFA et de 7 500 à 13000 FCFA. «L’école exige en plus de cette augmentation, le port des chaussures noires avec des chaussettes blanches et un polo à mettre tous les mercredis, sans compter la tenue de sport et certains manuels qu’ils faut acheter uniquement chez eux», se plaint une dame.
Arguments
Sur le sujet, quelques promoteurs se prononcent très difficilement. Tous au plus, ils brandissent des labels essentiels pour mettre en lumière la qualité de leurs enseignements d’une part, et des investissements toujours plus conséquents dans le domaine des équipements d’autre part. Jugeant ces frais «modiques par rapport à ce qui se passe dans d’autre pays», un fondateur de collège basé à Yaoundé se défend un évoquant d’»énormes charges». «La construction d’une école nous impose de gros investissements. Parfois, il s’agit de gros emprunts que nous avons fait dans les réunions et banques. Il faut alors tenir à nos engagements en remboursant nos dettes. Croyez-moi, le secteur privé a plusieurs contraintes internes qui nous imposent l’augmentation des frais de scolarité».
Regard
«Il s’agit là de la manifestation de la privatisation de l’éducation où chaque promoteur investi et fixe les prix de sa marchandise. Il est à noter que les prix sont ainsi fixés en fonction de l’investissement et du bénéfice escompté. Objectivement, il n’y a pas de raison que cet argent augmente chaque année car les salaires de leurs enseignants restent statiques», déplore Thobie Emanuel Mbassi Ondoa. Pour le secrétaire général de la Fecase, «cette privatisation à la longue va entrainer des conséquences fâcheuses sur le taux de scolarisation au Cameroun qui sera de plus en plus bas, avec un taux élevé de décrochage scolaire car les ménages ne pourront plus tenir».
Selon l’Institut national de la statistique (INS), dans sa note mensuelle du mois d’août 2024 sur l’évolution des prix à la consommation finale des ménages au Cameroun, l’augmentation des frais de scolarité et d’inscription s’observent dans plusieurs établissements privés et confessionnels dans les enseignements primaire et secondaire au cours de l’année scolaire 2024/2025. L’un des secteurs à l’origine de la progression des prix à la consommation finale des ménages du mois d’aout 2024, avec une hausse de près de 0,4%. «L’observation de la totalité des dépenses d’éducation du pays, permet d’estimer les dépenses des familles à 31% et 21% respectivement pour le primaire et le secondaire», souligne l’INS.
Alors que l’arbitrage de l’Etat est requis, il importe de rappeler la loi N° 004/022 du 22 juillet 2004 fixant les règles relatives à l’organisation et au fonctionnement de l’enseignement privé au Cameroun. Le texte dispose (dans son article 21 alinéa 1) que les taux de frais de scolarité des établissements libres sont fixés par le fondateur.
Bobo Ousmanou