Pour la sixième fois de sa carrière, le ministre russe des Affaires étrangères a fait une tournée africaine. Au cours de son voyage, Sergueï Lavrov est passé par deux pays d’Afrique centrale, notamment au Tchad et au Congo-Brazzaville. Ici et là, le membre du gouvernement russe s’est particulièrement montré volcanique vis-à-vis de l’Occident. Cela est reconnaissable dans quelques extraits captés depuis Ndjamena et Brazzaville. Dans la capitale tchadienne le 6 juin dernier, la signification portée par chacun des mots prononcés par Sergueï Lavrov rend compte de son ancrage dans le registre anti-occidental. «Ce n’est pas la paix que les Occidentaux veulent préserver», mais «les principes suivants: vous devez choisir entre soutenir la Russie ou soutenir» l’Ukraine, «et si vous soutenez la Russie, vous serez punis. C’est ça la vision occidentale», a déclaré le chef de la diplomatie du Kremlin, repris par la presse tchadienne.
Enrobé dans ce que quelques observateurs qualifient de «provocation injurieuse», le message de Sergueï Lavrov s’est d’abord fait entendre à Brazzaville le 4 juin 2024, notamment au sujet de la crise libyenne. «Notre position est bien connue et nos évaluations de ce conflit sont aussi bien connues. Nous considérons que ce qui s’était passé en Libye, c’était une tragédie. C’est une tragédie qui s’est produite en 2011 et dans laquelle les membres de l’OTAN sont impliqués. La même chose s’est produite en Irak et en Afghanistan où les Occidentaux ont essayé d’implanter leur modèle de démocratie. Les problèmes n’ont pas été réglés, certains se sont enlisés plus», a évalué le ministre russe des Affaires étrangères.
En tentant de préciser les enjeux de la venue de Sergueï Lavrov à Ndjamena et à Brazzaville, plusieurs analystes situent ses propos dans un réseau géopolitique. «À partir de l’observance stricte de son discours, la Russie, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, fait de l’Afrique centrale l’un des espaces de communication déterminants dans sa confrontation avec l’Occident», postule (par exemple) Haroun Abdoulaye Adoum, universitaire et géo-stratège tchadien.
LN
