84è anniversaire : comment le Cameroun est devenu indépendant le 27 août 1940

«Ce matin 27 Août 1940, sur le sol d’Afrique et dans un territoire français, la France, avec ses propres armes, continue la lutte et rentre dans la seconde guerre mondiale, aux côtés de la Grande-Bretagne et de ses alliés. Elle sera présente à l’heure de la victoire après les combats dans l’honneur. Le Cameroun reprend son indépendance économique et politique. Il adhère à la France libre. Vive la France. Vive le Cameroun libre».

Le général Charles de Gaulle

À mon oncle maternel Tina Kissaga de l’élite nationaliste autour du commandant Makanda Pouth, et à ses compagnons d’armes, qui ont libéré la France et l’Europe du nazisme allemand, et qui ont été massacrés dans les maquis lors de la guerre pour la Réunification et l’Indépendance.
«C’est la même chanson tout le temps, une véritable maladie infantile, les upécistes sont toujours en train de pointer la France comme la source de leurs interminables problèmes. On dirait même que c’est la France qui a demandé à Um Nyobe de revendiquer la Réunification et l’Indépendance tout en excluant l’option de la guerre… Lorsqu’ils sont acculés et obligés de reconnaître leurs flagrantes erreurs, eh bien au lieu de les assumer pleinement, ils les réduisent globalement à une infiltration de leurs organisations par les services secrets français et camerounais, comme si elle seule pourrait expliquer toute la léthargie upéciste qui se vit aujourd’hui…». Voici résumées, les principales critiques faites aux upécistes.

Visiblement, les conséquences douloureuses du colonialisme et du néocolonialisme continuent d’affecter les sociétés africaines aujourd’hui. L’héritage de l’exploitation coloniale persiste sous différentes formes. Cependant, pour surmonter ces séquelles, il faut plus que de maigres et simples gestes symboliques de remords et d’expiation. Dans les relations officielles avec les anciennes colonies et territoires sous mandat, les rapports de force inégaux perdurent, perpétuant ainsi les mentalités coloniales et les hiérarchies suprématistes.

  1. L’erreur impardonnable des «Um Nyobe».
    Nous n’en parlerons jamais assez, oui nos explications ne seront jamais suffisantes, convaincantes, ni satisfaisantes. Pour nos détracteurs, il apparaît évident aujourd’hui que «les Um» ont commis une grossière erreur, pour d’aucuns un sacrilège, et pour d’autres la profanation du mystère qu’ils se gardent tous d’avouer publiquement, celui d’avoir exigé l’Indépendance immédiate… Ils nous apparaissent donc avec ces sorties telles que nous voyons aujourd’hui: il fallait absolument que les dirigeants upécistes se préparent à la lutte armée… Les tenants d’un tel argumentaire peuvent-ils nous citer un seul pays en Afrique subsaharienne et même dans toute l’Afrique en général, qui avait obtenu son indépendance par la voie des armes, avant le 1er Janvier 1960, la date de la «pseudo-indépendance» du Cameroun?
    Même en faisant semblant d’oublier le contexte de l’époque qui était celui du début de la guerre froide de la fin des années quarante, il parait très important aujourd’hui pour les jeunes générations, et pour le peuple en général, de rappeler le caractère exceptionnel de notre pays, qui est un cas spécial dans la Françafrique, puisqu’en réalité il est son lieu de naissance. La racine du problème camerounais et upéciste est de loin antérieure à la naissance de l’UPC. Ce qui serait apparemment une contradiction, tel que l’on va le démontrer un peu plus bas.
    Comment interpréter cette affirmation du secrétaire général de l’UPC, Mpodol Ruben Um Nyobe: «En ce qui concerne l’argument selon lequel nous devons avoir des armes pour revendiquer notre liberté, nous répondons que cela est dépassé. La lutte armée a été menée une fois pour toutes par les nationalistes camerounais qui ont largement contribué à la défaite du fascisme allemand. Les libertés fondamentales dont nous revendiquons l’application et l’Indépendance vers laquelle nous devons marcher résolument ne sont plus les choses à conquérir par les armes» [1].
  2. La proclamation de l’indépendance du Cameroun le 27 août 1940 [2]
    Cette affirmation du Mpodol tient pour origine, la proclamation de l’indépendance de notre pays le 27 Août 1940 par un certain Philippe de Hauteclocque, qui en moins d’un mois dans le grade de commandant, s’était auto promu colonel un jour avant son arrivée à Douala, avant de devenir quelques petites années après, le «célèbre» général et maréchal Leclerc…
    En août 1940, Philippe de Hauteclocque quitta Londres à bord d’un hydravion en compagnie du capitaine Boislambert, de Pleven, Parent et Catroux. Après de nombreuses tentatives infructueuses de débarquement en Afrique de l’Ouest, à cause de l’adhésion de ces pays au régime de Vichy du maréchal Pétain, ils arrivèrent à Lagos le 12 août où ils furent accueillis par le gouverneur anglais Sir Bernard Bourdillon et par le général Giffard, commandant des troupes britanniques. Cependant, Giffard ne montra guère d’intérêt envers De Gaulle ni envers son envoyé en Afrique équatoriale, le commandant Leclerc. Le consul britannique à Douala, en revanche, se montra plus favorable. Lors de leur rencontre le 13 août, il fournit à Leclerc des informations précieuses sur la situation au Cameroun. Cette situation intéressante nécessitait une intervention urgente, car le Cameroun était sous mandat de la Société des Nations et risquait d’échapper à l’autorité française. Leclerc chargea Boislambert d’une mission d’éclaireur à Victoria (Limbe) pour effectuer une reconnaissance de la frontière, du Mungo et de l’estuaire du Wouri. Au cours de ce déplacement, Boislambert rencontra des Français souhaitant se libérer du régime de Vichy au Cameroun. Il retourna à Lagos avec ces informations.
    Le 25 août 1940, Leclerc et son équipe débarquèrent à Victoria, suite aux informations obtenues. Le lendemain matin, ils atteignirent Tiko et rencontrèrent des Français venus de Douala les rejoindre. Malheureusement, parmi eux se trouvait un colonel, un gradé supérieur à Leclerc. Pour rétablir l’équilibre, Leclerc se confectionna rapidement des galons de colonel, tandis que le capitaine Boislambert fit de même pour devenir commandant. Cette décision plaça Leclerc au-dessus du Français qui commandait les forces de police à Douala, un certain Bureau, lui-même lieutenant-colonel. Ils embarquèrent ensuite dans une vedette anglaise pour Douala, où ils furent douze en tout. Leurs tâches furent réparties: prise de la poste, inspection du camp militaire et neutralisation des Blancs hostiles à De Gaulle. Vers 17 heures, l’équipe rencontra des piroguiers Malimba qui les conduisirent à Douala malgré une pluie diluvienne. Ils rejoignirent le domicile du capitaine Dr Mauze, réveillèrent d’autres partisans de De Gaulle, dont le capitaine médecin Laquintinie chargé d’arrêter les anti-De Gaulle. L’imprimeur Lalanne fut également réveillé pour imprimer des affiches rédigées par Van de Lanoitte, rédacteur de «l’Éveil du Cameroun», un périodique colonial.”

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